Le Journal de Montreal

Je l’ai eu

- MICHEL BEAUDRY michel.beaudry @quebecorme­dia.com

Bernard Landry discourait tellement bien et différemme­nt des autres, pour un imitateur, c’était une précieuse prise et je l’espérais dans mon répertoire. Le timbre de voix, c’est une chose, mais il faut aussi comprendre les accents, les variations de tonalité, le rythme d’élocution. Il était toujours posé, un ton égal, mais avait un accent que j’ai dû décortique­r. Il roulait ses « r » à la façon Joliette et il avait une prononciat­ion pointue un peu comme les anciennes religieuse­s ou les Acadiens.

J’ai tout pigé d’un coup lorsque j’ai appris qu’il était effectivem­ent natif de la région joliettain­e, qu’il avait étudié chez les frères et que sa mère venait du Nouveau-Brunswick.

Mais l’imitation m’est véritablem­ent rentrée dans la peau en 1995, le soir d’une réception pour célébrer la nomination de Pierre Nadeau comme représenta­nt du Québec à Boston.

Nous avons soupé à la même table et Bernard Landry, alors ministre des Affaires internatio­nales, n’a jamais cessé de parler avec un enthousias­me débordant. Nous étions pendus à ses lèvres.

JEVOUSGARD­EBERNARD

À la fin de la soirée, lorsque je suis arrivé seul dans ma voiture, je parlais exactement comme lui. Bernard Landry est probableme­nt l’imitation la plus précise de toutes celles que j’ai pu réussir. J’en étais fier et, en plus, ce soir-là, je m’étais fait un ami captivant. Il adorait être imité même si, de temps en temps, je lui faisais dire les pires âneries. Je me souviens de l’avoir fait rire aux larmes lors du lancement d’un de mes CD en simulant une conversati­on entre lui, Jacques Parizeau et Jean Chrétien. Un homme brillant, authentiqu­e et ultra sympathiqu­e qui aimait le monde et qui adorait les Québécois. Mes sympathies à Chantal et ses enfants. Je l’imiterai toujours, il est gravé dans mon histoire.

PHRASES QUE JE LUI FAIS DIRE

√ « J’ai négocié avec le Vietnam et on va leur échanger nos paletots d’hiver contre leurs rouleaux de printemps. » √ « On pourrait se séparer du reste du Canada et garder le déficit une fin de semaine sur deux. » √ « Je vous annonce la fin de la récession. Nous entrons maintenant dans la pauvreté. » √ « Il s’est fait tatouer une carte du Canada sur les fesses et chaque fois qu’il s’assoit, le Québec se sépare. » √ « M. Lévesque nous avait dit que le référendum se tiendrait en mai 1980. Lorsque j’ai suggéré le 20. Alors, M. Parizeau m’a demandé si c’était du rouge ou du blanc. »

ÀDEMAIN

Un homme extraordin­aire.

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