Le Journal de Montreal

Des courriels reviennent hanter Geneviève Guilbault

Elle s’explique sur des commentair­es sur la Charte et sur la tuerie de la mosquée

- PATRICK BELLEROSE

QUÉBEC | La vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique a dû s’expliquer hier après la publicatio­n de courriels « malhabiles » où elle peut paraître insensible.

Dans ces échanges, qui datent de l’époque où elle était porte-parole du Bureau du coroner, Geneviève Guilbault s’exprime sur le cas d’Éloise Dupuis, une témoin de Jéhovah décédée lors de son accoucheme­nt après avoir refusé une transfusio­n sanguine.

HORS CONTEXTE

« J’en reviens pas qu’on se mêle de ça, c’est pourtant une simple — quoiqu’excessivem­ent choquante — manifestat­ion des dérives de nos sacro-saintes chartes, qui placent les libertés individuel­les devant le bien-être collectif », écrit-elle dans une série de courriels diffusés dans une réponse à une demande d’accès mise en ligne sur le site Web du Bureau du coroner.

En entrevue avec notre Bureau parlementa­ire, Geneviève Guilbault souligne qu’il s’agit de courriels envoyés « entre collègues » pris « hors contexte ».

« C’est un courriel qui a été écrit un peu sous le coup de l’émotion, dit-elle. Ou du moins un courriel qui rendait compte du fait que, comme plusieurs, j’avais été choquée. C’était fâchant, attristant, cette histoire-là. »

La vice-première ministre du gouverneme­nt Legault martèle toutefois son appui aux Chartes des droits et libertés du Québec et du Canada et affirme que Mme Dupuis était dans « son droit » de refuser la transfusio­n.

Le « bien-être collectif » auquel elle fait référence dans le courriel est « le consensus collectif à l’effet qu’il est choquant de constater que ces libertés-là, qu’on ne remet pas en question, peuvent conduire à des situations aussi choquantes et attristant­es que le décès de cette jeune femme et, du même coup, un enfant qui est orphelin ».

Mme Guilbault s’est également expliquée sur deux autres courriels liés à la tuerie de la grande mosquée de Québec en janvier 2017.

« SARCASME »

Dans le premier, elle semble heureuse pour une collègue qui a pris congé et qui est ainsi « débarrassé­e de la tuerie ! »

Le second affirme seulement « Pour bien commencer la journée » avec un lien vers un texte sur des réfugiés syriens qui souhaitent quitter la ville de Québec en raison de l’attentat.

Mme Guilbault affirme qu’il s’agissait de « sarcasme mal placé » qui visait à souligner que le destinatai­re aurait une grosse journée.

De façon générale, le ton des courriels, dit-elle, visait à « dédramatis­er » certaines situations difficiles.

Ceux-ci « peuvent paraître malhabiles de l’extérieur, mais on était confrontés jour après jour à des situations dramatique­s », affirme Mme Guilbault.

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PHOTO D’ACHIVES, JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Geneviève Guilbault lors d’un impromptu de presse à l’Assemblée nationale le 24 octobre.

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