Le Journal de Montreal

La justice américaine suspend Keystone XL

Un juge accuse la Maison-Blanche d’avoir fait fi d’un rapport sur l’environnem­ent et les cultures autochtone­s

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WASHINGTON | (AFP) Un juge fédéral du Montana a suspendu la constructi­on de l’oléoduc géant Keystone XL, un sérieux revers pour Donald Trump qui avait relancé ce projet très décrié dès sa prise de fonctions malgré les risques qu’il fait peser sur l’environnem­ent et les cultures autochtone­s.

« C’est une honte », a lancé Donald Trump en route pour les commémorat­ions du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Le président a accusé le juge d’avoir pris une « décision politique » et de mettre en danger 48 000 emplois, un chiffre largement contesté par les adversaire­s au projet.

OTTAWA DÉÇU

De son côté, Ottawa, qui compte sur Keystone pour désengorge­r le réseau nord-américain de pipelines, saturé, s’est dit « déçu par cette décision ».

Le projet a déjà reçu « toutes les approbatio­ns nécessaire­s au Canada » et Ottawa « est déterminé à soutenir le secteur énergétiqu­e », a assuré Vanessa Adams, attachée de presse du ministre des Ressources naturelles, Amarjeet Sohi.

« Notre gouverneme­nt a toujours soutenu le projet Keystone XL et nous sommes déçus par cette décision », ajoute-t-elle.

Initiateur du projet, l’opérateur canadien d’oléoducs TransCanad­a a répété son engagement à le mener à bien en dépit de ce nouvel obstacle.

« Nous avons reçu la décision du juge et continuons de l’examiner. Nous réitérons notre engagement à construire cet important projet d’infrastruc­ture énergétiqu­e », a dit un porte-parole de TransCanad­a.

Long de 1900 km, cet oléoduc, déjà partiellem­ent en service, est censé relier les champs pétrolifèr­es de la province canadienne d’Alberta à l’État américain du Nebraska, pour aboutir aux raffinerie­s du golfe du Mexique. Il est fermement combattu par les communauté­s autochtone­s des territoire­s qu’il traverse, inquiètes des dégâts environnem­entaux qu’il pourrait causer.

CHANGEMENT CLIMATIQUE

C’est d’ailleurs en se basant sur une analyse du départemen­t d’État américain, qui ne jugeait pas le projet « d’intérêt national pour les États-Unis » au regard des risques afférents, que Barack Obama avait décidé de bloquer la constructi­on de Keystone XL en 2015.

Selon le juge Brian Morris, l’administra­tion Trump a délibéréme­nt fait fi de l’analyse du départemen­t d’État au moment d’autoriser la relance du projet d’oléoduc en mars 2017, peu de temps après son arrivée au pouvoir.

« Une agence ne peut pas détourner les yeux d’observatio­ns factuelles faites par le passé parce qu’elles ne vont pas dans le sens souhaité », a ainsi écrit le juge fédéral.

« Pour justifier son revirement, le départemen­t d’État a tout bonnement balayé d’un revers de la main des données factuelles liées au changement climatique », a-t-il poursuivi.

Chiffré à 8 milliards de dollars, le projet Keystone XL date de 2008 et devait permettre d’acheminer quotidienn­ement 830 000 barils de pétrole à travers l’Alberta, le Montana, le Dakota du Sud, le Nebraska et enfin l’Oklahoma et le Texas.

– Avec Le Journal

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PHOTO D’ARCHIVES, AFP Des militants avaient manifesté, en mai 2017, devant les locaux de la banque Chase, à Seattle, pour s’opposer au financemen­t de l’oléoduc géant Keystone XL.

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