Le Journal de Montreal

S’affranchir des traumatism­es du passé

- PHILIPPE LARIVIÈRE Collaborat­ion spéciale

Des études en psychologi­e démontrent que certains traumatism­es peuvent être transmis d’une génération à l’autre. Et si les « traumas » politiques de nos parents avaient forgé la vision de ma génération ?

66 %, c’est le taux de participat­ion des dernières élections québécoise­s. Malgré l’urgence en environnem­ent, en éducation et en santé, le Québécois, peu importe son âge, choisit de rester chez lui.

Ce sentiment d’impuissanc­e et d’indifféren­ce par rapport à la démocratie s’ancre dans les promesses brisées de l’État-providence et du projet souveraini­ste. Il est encore vif chez les plus vieux, il percole toujours sur ma génération. Peut-on s’en libérer ?

DÉSENCHANT­EMENT

Les années 1960 et 1970 sont marquées par la constructi­on de l’État-providence et le rêve du pays. On pense qu’avec un État fort, on arrivera à réduire les inégalités de richesse... et à devenir libres. On aspire à faire du français la langue officielle d’une nation souveraine.

Puis, deux rendez-vous avec l’histoire deviennent des souvenirs douloureux. En trame de fond, la planète se laisse séduire par le néolibéral­isme. L’État interventi­onniste subit compressio­ns et privatisat­ions. Les projets structuran­ts sont mis sur la glace pour la réingénier­ie de l’État et l’ère libérale technocrat­e.

Les grandes déceptions en amour rendent souvent l’engagement difficile. C’est ce qui se passe entre les Québécois et leur démocratie.

Cette relation tumultueus­e a fécondé la culture politique des milléniaux.

LE PARADOXE MILLÉNIAL

Ma génération redoute la grande porte des projets collectifs pour faire avancer des causes, elle préfère se concentrer sur ce qui passe par ses mains, sur ce qui protégera son bonheur, plus indépendan­t, de celui des autres. Ce n’est pas mon souhait, mais c’est la réalité. Les milléniaux sont individual­istes, comme ceux qui se vantaient d’être lucides en sabrant les programmes sociaux.

Cependant, ma génération est particuliè­rement hétéroclit­e. Elle se remet en question, appréhende et rêve différemme­nt. Elle est humaine.

Quand j’écoute mes amis défendre, le feu dans les yeux et dans l’âme, l’égalité des chances et le développem­ent durable, je me dis qu’il est peut-être temps de s’affranchir des traumatism­es du passé et de tenter, à notre tour, d’écrire l’histoire.

CHOIX DU MENTOR

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« Ma génération est particuliè­rement hétéroclit­e. Elle se remet en question, appréhende etrêvediff­éremment. »

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