La faillite de sa fille l’entraîne dans la tourmente
Martine vient tout juste de prendre sa retraite. Elle a voulu donner un coup de main à sa fille Stéphanie, qui voulait se lancer en affaires. Malheureusement, le vent n’a pas tourné dans le sens espéré…
En 2016, Stéphanie a décidé de démarrer une boutique d’aliments naturels. Sa mère, Martine, désireuse de l’aider dans cette entreprise, a accepté de l’endosser personnellement en fournissant des garanties supplémentaires auprès de plusieurs créanciers : institution bancaire, propriétaire du local commercial et fournisseurs.
Denis, le conjoint de Martine, un travailleur autonome qui compte bientôt prendre sa retraite, était fermement opposé à cette idée, mais sa compagne lui a assuré qu’elle avait toute confiance en sa fille. Celle-ci semblait en effet très motivée et bien décidée à déployer tous les efforts nécessaires pour donner vie àsonrêve.
FAILLITE COMMERCIALE ET PERSONNELLE
Denis était encore réticent, car après une longue vie de labeur, il a réussi à accumuler avec Martine un petit patrimoine dont le couple compte bien profiter à la retraite : une maison, deux automobiles presque entièrement payées, ainsi que des REER. Il craignait que tous leurs efforts ne s’envolent en fumée et leurs biens soient pris en garantie advenant le cas où Stéphanie connaîtrait des difficultés.
Or, Denis avait vu juste, car en dépit de toute l’énergie investie, la jeune femme n’a pas réussi à maintenir ses affaires à flot. « Avec l’accumulation de lourdes dettes et compte tenu de l’insolvabilité de la compagnie, Stéphanie a dû non seulement faire une faillite commerciale, mais aussi personnelle, car elle avait elle-même fourni des garanties », explique Sophie Desautels, syndique autorisée en insolvabilité chez Raymond Chabot.
CONSÉQUENCES DÉSASTREUSES
Sa mère l’ayant endossée, c’est donc vers elle que se sont tournés les créanciers. Au total, c’est 148 000 $ qui lui sont réclamés, incluant des loyers impayés (5000 $), un prêt bancaire (93 000 $) et des sommes dues aux fournisseurs (50 000 $).
Or, Martine s’avère incapable de faire face à une telle dette. Elle perçoit en effet une rente de retraite de 1885 $ par mois, alors que son conjoint gagne en moyenne 1220 $ mensuellement, pour un revenu familial de 3105 $. Leurs dépenses mensuelles s’élevant à 2638 $, le couple n’a que peu de marge de manoeuvre.
Qu’adviendrait-il si Martine faisait faillite ? « Considérant la valeur de ses actifs saisissables, elle perdrait sa résidence. Son conjoint et elle se retrouveraient sans logis », mentionne Sophie Desautels.
LEÇONS À TIRER
La syndique a donc proposé la meilleure solution compte tenu des circonstances : une proposition de consommateur. Les créanciers ont accepté de recevoir un montant de 48 000 $ sur les 148 000 $ dus, auxquels Martine a dû ajouter le solde de sa carte de crédit personnelle (4000 $), qu’elle n’a pas pu conserver.
Le paiement a été négocié de la façon suivante : des versements de 300 $ durant 60 mois, plus un montant forfaitaire de 30 000 $ payable dans deux ans au moment du renouvellement hypothécaire.
Quelles leçons peut-on tirer de cette pénible aventure ? « Soyez prudent lorsqu’on vous demande d’endosser un prêt, et ce, même s’il s’agit d’un proche. À tout le moins, si ces montants doivent permettre de lancer une entreprise, demandez à vous impliquer ou à vérifier régulièrement les livres de la compagnie, afin de vous assurer que les affaires se portent bien », recommande Sophie Desautels.
Sa situation financière
Actifs √ Maison unifamiliale en copropriété
avec son conjoint
√ REER
√ Voiture Ford (valeur de 13 585 $) Dettes résultant de la faillite du commerce
√ Loyers : 5000 $
√ Prêt bancaire : 93 000 $
√ Sommes dues aux fournisseurs : 50000$ TOTAL : 148 000 $ Revenus mensuels familiaux
√ Rentes de retraite : 1885 $
√ Revenus du conjoint (travail autonome) : 1220 $ TOTAL : 3105 $ Dépenses mensuelles
√ 2638$ (hypothèque, téléphone, électricité, épicerie, assurances, etc.)