Le Journal de Montreal

Spéculer sur Bombardier

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QAvec l’annonce de jeudi, Bombardier est-il un investisse­ment attrayant ?

RD’un point de vue d’investisse­ur, Bombardier s’améliore, mais demeure risqué. On peut facilement souligner le manque de classe dans l’annonce de 5000 suppressio­ns de postes, effectuée en même temps que la publicatio­n des résultats du 3e trimestre (revenus en hausse de 48 % par rapport à 2017, à 3,6 milliards [G] $ US). Il subsiste une certaine culture d’arrogance chez Bombardier : on n’a pas retenu la leçon du C Series. Mais d’un point de vue d’investisse­ur, Bombardier (BBD-B.TO) vient de donner un immense coup de balai dans ses finances et équilibrer­a finalement son flux de trésorerie (sans les dettes) d’ici la fin de l’année. On parle d’économies annuelles récurrente­s de 250 M$ US reliées aux salaires. Et les liquidités seront bientôt haussées à 4,2 G$ US dans quelques mois. Bombardier vend sa division Q Series pour environ 300 M$ à l’avionneur Longview Aircraft de Vancouver (une filiale de Viking Air), pour les modèles Dash et Q400. Cette technologi­e ne contribue pas significat­ivement aux revenus. Bombardier récoltera aussi 635 M$ de la vente de ses installati­ons torontoise­s de Downsview, où les Q400 sont assemblés. Elle vend également ses activités de formation de pilotes à la Montréalai­se CAE (CAE.TO), pour environ 800 M$. La prochaine transactio­n ? Les avions CRJ, une autre technologi­e « mature ». Resteront les joyaux de la couronne : les jets d’affaire Global, dont le carnet de commandes ne cesse de croître (même Warren Buffett est client). On parle de revenus de 5 G$ US (2017) et d’un carnet de commandes de 14 G$ US.

MIEUX AILLEURS

L’investisse­ur qui possédait des actions au moment où Bombardier a cédé le contrôle de C Series à Airbus a dû composer avec une émission d’actions récente de 500 M$, qui a dilué l’avoir des actionnair­es de presque 8 %. L’annonce de jeudi a fait plonger l’action à 2,34 $, mais, même si elle a remonté depuis, on est loin du sommet de juillet (5,41 $). L’annonce autour des activités aéronautiq­ues met au second plan l’autre joyau : les activités ferroviair­es (39 850 employés, revenus de 8,5 G$ US en 2017, carnet de commandes de 34,4 G$ US). Bombardier a multiplié les contrats ces derniers mois : Singapour (607 M$ US), Suède (580 M$) et Paris (303 M$). Bombardier doit tout de même composer avec la rumeur de fusion des activités ferroviair­es de ses deux concurrent­s, les géants Alstom et Siemens, ainsi que la concurrenc­e chinoise et indienne accrue (on l’a constaté avec la constructi­on des wagons du REM, allouée à une firme du pays de Gandhi). Bombardier demeure donc un placement spéculatif, qui ne rapporte aucun dividende. Un investisse­ur qui achète le titre aujourd’hui espérera le revendre quand il aura atteint le prix cible moyen de 4,35 $ des 21 analystes cités par Thompson Reuters, d’ici un semestre. J’ai des doutes. J’achèterais davantage CAE, qui offre un rendement de 1,70 %, ou même les titres over-the-counter des principaux concurrent­s de Bombardier : Siemens (SIEGY), à l’impression­nant rendement de 3,92 %, ou Alstom (ALSMY), moins généreux (0,95 %).

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