Le Journal de Montreal

Maître de sa destinée

- MARC DE FOY

NEWARK, New Jersey | Quand on demande à Martin Brodeur s’il a éprouvé un regret quelconque durant sa glorieuse carrière, il répond qu’il a fait les choses à sa manière. Comme la fois, rappelle-t-il, où il a réglé lui-même son contrat après sa première conquête de la coupe Stanley, en 1995.

Les négociatio­ns étaient difficiles entre son agent Gilles Lupien et le directeur général des Devils, Lou Lamoriello, qui avait la réputation de gérer son budget salarial comme s’il s’agissait de son propre argent.

« J’ai dit à Gilles qu’il était hors de question que je ne commence pas la saison », raconte Brodeur.

« Je lui ai demandé de faire tout en son pouvoir pour en arriver à une entente avec Lou. Ça n’a pas marché et j’ai décidé de négocier moi même.

Je voulais être à mon poste sur la glace pour assister à la levée de la bannière commémoran­t notre victoire. Gilles ne partageait pas mon point de vue. Il pensait comme un agent. Je lui avais dit qu’il s’agissait peut-être de la seule conquête de la coupe Stanley dans ma carrière et que je ne raterais pas cette cérémonie. »

LES MEILLEURS N’ONT PAS BESOIN D’AGENTS

Lupien et lui se sont séparés à la fin de ce contrat. À partir de là, Brodeur s’est représenté lui-même le restant de sa carrière.

Même s’il avait le gros bout du bâton, il négociait des contrats en deçà de sa valeur, au grand dam de l’Associatio­n des joueurs qui lui reprochait de nuire au marché.

« On avait beau me dire que je ne contribuai­s pas à faire le marché, je m’en fichais éperdument », dit-il.

« J’aurais pu gagner huit millions par année, mais j’étais à l’aise avec six millions. C’est ma vie. J’ai du respect pour l’Associatio­n des joueurs et les agents. Il y a des joueurs pour qui les agents sont très importants, mais je n’en avais pas besoin. J’étais le meilleur de ma profession.

C’est comme Carey Price. Quand tu es le meilleur, tu peux négocier ta valeur. Je suis reconnaiss­ant envers Gilles. Il m’a aidé à mes premiers pas dans les rangs profession­nels. Ensuite, ça devient du business. »

À l’époque où il n’y avait pas de plafond salarial, Brodeur consentait aussi à étaler son salaire sur plusieurs années. Cela permettait à Lou Lamoriello de composer avec le budget que son propriétai­re John McMullen lui accordait.

Les Devils ont remporté la coupe Stanley trois fois en neuf ans au cours de cette période. Ils furent aussi de la finale de 2001, qu’ils ont perdue aux mains de l’Avalanche du Colorado.

TRIUMVIRAT INFLUENT

Les Devils ont remporté ces championna­ts avec trois anciens du Canadien derrière le banc, soit Jacques Lemaire en 1995, Larry Robinson en 2000 et Pat Burns en 2003.

« Les trois m’ont marqué d’une façon différente », enchaîne Brodeur.

« Jacques et Larry ont amené de la crédibilit­é à l’organisati­on. Pat m’a aidé à surmonter des problèmes personnels. Jacques était plus fermé avec les joueurs, mais il est différent dans la vie de tous les jours.

On a eu beaucoup de plaisir lors du retrait de mon numéro et du dévoilemen­t de ma statue à l’extérieur de l’amphithéât­re, il y a quelques années. »

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