Des inspections différentes d’un garage à un autre
L’expérience du Journal montre de grandes disparités entre les diagnostics reçus
Des éléments de sécurité oubliés aux mauvais diagnostics, les inspections de voiture diffèrent grandement d’un garage à l’autre, révèle une expérience menée par Le Journal.
Le Journal s’est rendu dans cinq garages différents, deux indépendants, deux affiliés à une grande chaîne et un concessionnaire, dans la région de Montréal, en y demandant une inspection générale d’un véhicule.
La voiture avait préalablement été inspectée pendant près de deux heures par Denis Noël, technicien en recherche automobile, et son collègue Martin Laplante, technicien en vérification auto chez CAA-Québec. Une série de problèmes nécessitant une intervention ont été relevés sur le véhicule.
SÉCURITÉ
Trois garages sur cinq n’ont pas noté que l’embout de biellette extérieure gauche bougeait anormalement et devait donc être remplacé. Un élément pourtant crucial pour la sécurité des occupants du véhicule, selon CAA-Québec.
Un seul garage a aussi noté que le feu de freinage arrière droit ne fonctionnait plus.
Il s’agit pourtant d’éléments de sécurité qui devraient toujours être évalués lors d’une inspection, selon M. Noël.
« Il peut y avoir des nuances et des erreurs qui se glissent. J’ai par contre plus de difficulté à pardonner lorsque l’inspection ne permet pas d’identifier les éléments de sécurité [défectueux]. Deux garages se sont donc démarqués pour avoir vu ces éléments de sécurité, mais aucun n’a obtenu une note parfaite », résume M. Noël.
Un des ateliers de mécanique a aussi été catégorique en mentionnant qu’un changement de freins était nécessaire alors que CAA-Québec et les quatre autres garagistes n’ont recommandé qu’un nettoyage.
« Dans les freins, il y a toujours des nuances. Il y a des garages qui vont suggérer de changer les plaquettes si les freins sont rouillés et qu’il y a un gros nettoyage à faire, parce qu’il faut déjà tout démonter de toute façon. Même si dans ce cas-ci les freins étaient encore bons, il y en a qui préféreront garantir le travail », explique M. Noël.
COURTE INSPECTION
Le spécialiste pense qu’une bonne inspection ne peut se faire en moins d’une heure voire une heure et demie. Pour lui, c’est donc inacceptable qu’un des commerces visités n’ait pris qu’une quinzaine de minutes pour faire le tour du véhicule.
« On l’a dit à nos garages recommandés. Si vous êtes pour charger une demi-heure pour faire une inspection, faites-en pas. Quand on fait une inspection, il faut prendre le temps de la faire », estime M. Noël.
Le spécialiste croit aussi que les mécaniciens devraient faire un essai routier pour identifier s’il y a des bruits anormaux ou d’autres problèmes qu’il est impossible de remarquer en ne déplaçant le véhicule que du stationnement au garage.
RAPPORTS INCOMPLETS
La majorité des rapports des garages n’étaient pas non plus assez complets pour que le client puisse savoir exactement quels éléments ont été inspectés. Les diagnostics manquaient aussi de précision, selon M. Noël.
« Ce n’est pas tout de cocher des cases, encore faut-il mettre des précisions. Pour moi, c’est comme un examen de la vue. Il faut que tu puisses avoir ta prescription et acheter tes lunettes partout où tu veux après. Le rapport devrait être fait pour le client et non pour le garage. Tu as payé pour un examen, tu t’attends à avoir un rapport clair », soutient M. Noël.
L’expert pense également que les gens auraient avantage à trouver un garage de confiance et à s’y rendre régulièrement pour leur entretien. Plus le garagiste voit la voiture souvent, plus il la connaît et verra plus facilement les problèmes s’ils se présentent, insiste-t-il.