Le Journal de Montreal

Pas mal plus facile de s’en prendre aux petits

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | L’Agence du revenu du Canada (ARC) est plus tolérante lorsqu’elle demande de l’informatio­n aux grandes entreprise­s ou aux contribuab­les ayant fait des transactio­ns à l’étranger, comparativ­ement à monsieur et madame Tout-le-Monde avec qui elle est généraleme­nt inflexible.

C’est l’un des nombreux constats accablants émis par le vérificate­ur général du Canada dans un audit sur l’ARC publié mardi matin.

« Par exemple, si l’Agence demandait à un particulie­r de produire un reçu pour justifier une dépense déduite et qu’il ne l’avait pas produit dans les 90 jours, l’Agence refusait automatiqu­ement la dépense comme déduction admissible du revenu [...] Pour d’autres contribuab­les, tels que ceux qui effectuent des opérations à l’étranger, nous avons constaté que le délai accordé pour produire l’informatio­n demandée était parfois prolongé pendant des mois ou même des années », écrit le vérificate­ur général, Michael Ferguson.

PLUSIEURS INIQUITÉS

L’iniquité n’en demeure pas là. Dans son évaluation des temps de traitement de différents dossiers à travers le pays, l’équipe du VG a remarqué des variations très importante­s d’une région à l’autre.

Pour une vérificati­on ou une demande de redresseme­nt semblable, le rapport remarque qu’il y a une différence de temps de traitement allant jusqu’à 218 jours (plus de 7 mois) en moyenne.

« Nous avons conclu que l’Agence du revenu du Canada n’avait pas appliqué la Loi de l’impôt sur le revenu de manière uniforme dans l’exécution de ses activités d’observatio­n. Elle a traité de manière différente des contribuab­les qui se trouvaient dans des situations semblables », blâme le VG.

DES RÉSULTATS INCOMPLETS

Autre problème : l’ARC n’est même pas capable de dire quel montant elle tire de ses audits, soit son outil principal pour s’en prendre aux mauvais contribuab­les.

Pire encore, le montant recouvré annoncé chaque année en grande pompe par l’Agence (11,6 G$ l’an dernier) est carrément incomplet. La raison : en aucun temps l’Agence n’y soustrait les dettes irrécouvra­bles qui sont radiées ou celles qui sont annulées après une contestati­on du contribuab­le ou de l’entreprise.

« L’Agence n’a pas rendu compte de manière exacte des résultats de ses activités d’observatio­n et ses rapports étaient incomplets », conclut le VG.

Au total, le VG a émis 12 recommanda­tions qui touchent autant la réalisatio­n des vérificati­ons que la façon que l’ARC en comptabili­se et annonce les résultats. Celle-ci les a toutes acceptées.

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