Le juge doute qu’il ait vraiment tué son frère par détresse
Robert Dubuc s’occupait depuis quatre ans de celui qui souffrait de démence
Un Montréalais a reconnu hier avoir tué dans un moment de détresse son frère atteint de démence, mais un juge a refusé d’accepter sa réponse à l’accusation pour le moment.
« J’ai mal agi ce soir-là… tsé, quand ça fait un mois qu’on ne dort pas… c’était pas prémédité, après des nuits sans dormir, parfois on agit mal », a bredouillé Robert Dubuc, hier, au palais de justice de Montréal.
Dubuc, 65 ans, est accusé d’avoir tué son frère Richard en octobre 2017, en lui fracassant la tête contre un mur. Pourtant, a souligné son avocat Louis Miville-Deschênes, les deux s’entendaient bien.
« Il s’est occupé de son frère souffrant de démence dans les quatre dernières années », a-t-il dit à la cour.
Mais leur dernière dispute a été fatale pour le plus jeune des frères, qui avait 62 ans. Robert Dubuc a lui-même appelé les policiers juste après.
« J’ai pété une coche, je suis allé trop loin », avait-il dit au répartiteur des services d’urgence.
HOMICIDE INVOLONTAIRE ?
Robert Dubuc a été accusé de meurtre au deuxième degré, mais il a plaidé coupable à une accusation réduite d’homicide involontaire, hier.
« J’étais tellement fatigué que je ne réalisais pas… c’était un geste impulsif, je l’ai posé de façon instinctive », a-t-il dit à la cour.
La procureure de la Couronne, Amélie Rivard, a précisé que Dubuc n’avait pas utilisé d’armes lors de l’événement.
Mais même si Dubuc affirme être coupable, le juge Marc David n’a pas voulu confirmer le plaidoyer. C’est que Robert Dubuc a tenté d’expliquer son geste par la fatigue, l’intoxication ou encore la détresse.
SITUATION TRAGIQUE
« J’avais pris deux canettes de bière, ça m’a amené à un point où je n’avais plus toute ma tête », a expliqué Dubuc.
Sceptique, le juge s’est mis à douter de la validité du plaidoyer.
« C’est une situation familiale très tragique, a-t-il dit. Vous êtes présumé innocent, vous avez droit à un procès. Comme juge, je dois faire des vérifications [sur la validité du plaidoyer de culpabilité]. »
L’avocat de Dubuc a beau avoir expliqué au juge que son client était « dans un état très émotif » et que tout le dossier avait été passé en revue, le magistrat a préféré reporter le dossier de quelques jours.
Dubuc reviendra donc à la cour vendredi afin de vérifier si tout est en règle. D’ici là, il restera en liberté sous caution.