Le policier recouvre sa liberté sitôt condamné à la prison
Il a écopé de huit mois pour la mort d’un enfant lors d’une filature en zone résidentielle
Quelques heures après avoir écopé de huit mois de prison pour avoir causé la mort d’un enfant lors d’une filature, un policier de la Sûreté du Québec a pu recouvrer sa liberté d’ici à ce qu’il soit entendu en appel.
L’air abattu, Patrick Ouellet n’a pas dit un mot lorsqu’il a pris le chemin de la détention, hier au palais de justice de Longueuil. Juste avant, il n’a pas posé un seul regard vers le juge qui le critiquait pour sa conduite dangereuse alors qu’il était en mission en février 2014.
« Absolument rien ne justifiait une telle prise de risque », a soutenu le juge Éric Simard, soulignant la « futilité » des raisons qui expliquent la tragédie ayant causé la mort du petit Nicholas Thorne-Belance.
Ce jour-là, le policier participait à une filature pour le compte de l’Unité permanente anticorruption (UPAC). La cible, l’ex-directeur général du Parti libéral du Québec, Robert Parent, avait quitté son domicile de la Rive-Sud plus tôt que prévu.
Pour tenter de le rattraper, l’agent de la SQ roulait à 134 km/h dans une zone résidentielle de Longueuil où la limite est fixée à 50 km/h. Il a heurté de plein fouet la voiture de Mike Jude Belance, qui effectuait un virage à gauche pour aller reconduire son fils à la garderie. Nicholas Thorne-Belance, 5 ans, est décédé après la collision.
CLÉMENTE, MAIS APPROPRIÉE
Le magistrat a accepté la suggestion commune de la défense et de la Couronne, même s’il a admis que la sentence pouvait paraître « clémente ».
Il a estimé que la suggestion de peine est « appropriée », assez pour « envoyer un message conséquent aux policiers qui pourraient être tentés d’oublier leurs obligations et devoirs dans le cadre de leurs fonctions ».
« Cette suggestion est toutefois raisonnable lorsqu’on considère l’ensemble des circonstances, le degré de responsabilité de l’accusé et la prépondérance des facteurs atténuants », écrit le juge Simard, qui a notamment pris en compte les remords de l’accusé.
LIBÉRÉ
En après-midi, l’avocate de Ouellet a présenté une requête à la Cour d’appel afin qu’il soit libéré en attendant la suite des procédures judiciaires.
Le juge François Doyon a accepté la demande et a aussi suspendu l’interdiction de conduire du policier, qui se trouve toujours « dans l’incertitude » quant à son sort, a révélé Me Nadime Touma.
Aucune date n’est déterminée pour le moment concernant la demande d’appel de Patrick Ouellet.
La famille de la jeune victime, présente au prononcé de la peine, a accueilli le verdict avec émotion, mais n’a pas émis de commentaires.