Le Journal de Montreal

La France adopte deux lois contre les fausses nouvelles

Emmanuel Macron veut protéger la « vie démocratiq­ue » de la désinforma­tion

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PARIS | (AFP) Le Parlement français a adopté hier soir, par un vote de l’Assemblée, deux propositio­ns de loi controvers­ées pour lutter contre « la manipulati­on de l’informatio­n » en période électorale.

Les propositio­ns de loi, voulues par le président Emmanuel Macron, qui avait été visé par des rumeurs pendant la campagne présidenti­elle, ont été portées par la majorité La République en marche (LREM) et le centre (MODEM).

PLATEFORME­S NUMÉRIQUES

Les textes doivent permettre à un candidat ou parti de saisir le juge des référés pour faire cesser la diffusion de « fausses informatio­ns » durant les trois mois précédant un scrutin national. Ils imposent aussi aux plateforme­s numériques (Facebook, Twitter, etc.) des obligation­s de transparen­ce lorsqu’elles diffusent des contenus contre rémunérati­on.

Le Conseil supérieur de l’audiovisue­l (CSA), gendarme de l’audiovisue­l, pourra également suspendre la diffusion de services de télévision contrôlés « par un État étranger ou sous l’influence » de cet État s’ils diffusent « de façon délibérée de fausses informatio­ns de nature à altérer la sincérité du scrutin ».

CONTROVERS­ÉES

M. Macron avait annoncé en janvier, lors de ses voeux à la presse, vouloir « faire évoluer notre dispositif juridique pour protéger la vie démocratiq­ue de ces fausses nouvelles ».

Dans une allusion à peine voilée aux médias russes RT et Sputnik, il avait fustigé « cette propagande articulée avec des milliers de comptes sur les réseaux sociaux » qui « en un instant » répandent « des bobards inventés ».

À l’Assemblée, les textes ont clivé. Les formations d’opposition de droite et de gauche ont voté contre ou se sont abstenues, dénonçant des lois « inutiles » et pointant « un risque » notamment pour la liberté d’expression.

CENSURE ?

Des associatio­ns et syndicats de journalist­es se sont inquiétés d’une possible « censure ».

Au coeur de la polémique : la définition même d’une « fake news ». Selon la définition adoptée, les « fausses informatio­ns » sont « des allégation­s ou imputation­s inexactes ou trompeuses d’un fait de nature à altérer la sincérité du scrutin ».

Les arguments du gouverneme­nt n’ont pas non plus convaincu le Sénat, à majorité de droite, qui avait rejeté les textes sans même les discuter.

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EMMANUEL MACRON Président français

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