Le Journal de Montreal

Madrid menace le Brexit de Theresa May

L’Espagne veut pouvoir négocier avec Londres sur l’avenir du Gibraltar avant de signer le projet d’accord

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LONDRES | (AFP) La première ministre britanniqu­e, Theresa May, a défendu hier le projet d’accord de divorce conclu avec l’Union européenne devant son gouverneme­nt remanié, malgré la fronde persistant­e de sa majorité contre un texte que l’Espagne menace désormais de boycotter.

Se projetant déjà dans l’avenir, Mme May a rendez-vous en fin d’après-midi à Bruxelles avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, pour évoquer la « relation future » entre le Royaume-Uni et les 27, après la période de transition post-Brexit qui doit s’achever en décembre 2020.

Mais après la démission la semaine dernière de plusieurs ministres, insatisfai­ts du compromis de divorce, elle n’a pas fini de ferrailler pour convaincre son Parti conservate­ur et son allié nord-irlandais, le petit parti unioniste DUP, de voter pour le texte lorsqu’il sera présenté au Parlement en décembre.

MENACE

Du côté de l’Union européenne, le soutien apporté au projet lundi est remis en cause par la menace de Madrid de s’y opposer s’il n’obtient pas de pouvoir négocier directemen­t avec Londres sur l’avenir de Gibraltar, un territoire appartenan­t au Royaume-Uni, mais revendiqué par l’Espagne.

« J’ai le regret de dire qu’un gouverneme­nt pro-européen comme celui de l’Espagne votera, s’il n’y a pas de changement, non au Brexit », a dit hier à Madrid le chef du gouverneme­nt espagnol, Pedro Sanchez.

« En tant que pays, nous ne pouvons pas concevoir que ce qui se passera à l’avenir concernant Gibraltar dépende de négociatio­ns entre le Royaume-Uni et l’Union européenne », a-t-il ajouté, à quelques jours du sommet européen convoqué dimanche pour approuver le texte.

Critiquant la position espagnole, le ministre des Affaires étrangères irlandais, Simon Coveney, a souligné qu’un accord négocié de longue haleine n’avait pas vocation à être « changé maintenant » même si, a-t-il ajouté, « nous voulons traiter les questions soulevées » par Madrid.

IRLANDE DU NORD

Sur le plan intérieur, Mme May a eu un avant-goût lundi soir de la résistance du DUP, dont les 10 députés se sont abstenus de voter trois amendement­s au projet de loi de finances et ont voté avec l’opposition sur un autre.

« Nous avons un accord avec vous, mais si vous ne respectez pas votre part de l’accord, nous ne nous sentirons pas obligés de respecter la nôtre », a menacé le porte-parole du DUP, Sammy Wilson. Il estime que l’accord de Brexit viole la garantie « fondamenta­le » selon laquelle l’Irlande du Nord ne disposerai­t pas d’un régime différent du reste du Royaume-Uni.

Le point qui oppose Mme May au parti unioniste réside dans le filet de sécurité inclus dans le projet d’accord.

Cette mesure prévoit de maintenir l’ensemble du RoyaumeUni dans une union douanière avec l’UE pour éviter le retour d’une frontière physique entre l’Irlande et la province britanniqu­e d’Irlande du Nord si Londres et Bruxelles ne parvenaien­t pas à finaliser un partenaria­t qui résoudrait autrement le problème.

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THERESA MAY Première ministre britanniqu­e

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