Le Journal de Montreal

L’amie prodigieus­e : 5 étoiles !

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

En mars 2017, je vous disais que j’avais hâte à 2018. Pas parce que le gouverneme­nt Trudeau allait légaliser le pot, mais parce que HBO allait adapter les best-sellers de l’auteure italienne Elena Ferrante, L’amie prodigieus­e.

La première saison a commencé à être diffusée dimanche soir et c’est… du sacré « bon stock » qui fait vraiment « planer ».

En plus, j’ai appris que c’est à partir du 27 décembre 2018 que la version doublée en français sera disponible ici sur Club illico. On s’ouvre une bouteille de Prosecco pour fêter ça ?

CELLE QUI FUIT ET CELLE QUI RESTE

La saga napolitain­e d’Elena Ferrante (une auteure anonyme dont personne ne connaît la vraie identité) a captivé des millions de lecteurs à travers le monde, et ici au Québec je sais qu’on est des milliers à avoir dévoré cette histoire d’amitié, remplie de bruit et de fureur.

Vous ne serez pas déçu, c’est promis. Les deux comédienne­s qui jouent Elena et Lila, les deux amies, sont époustoufl­antes, d’un naturel désarmant (surtout quand on sait qu’elles n’avaient jamais joué, même pas dans une pièce à l’école). La reconstitu­tion historique est impeccable, on y croit, et ça ne sent pas l’artificiel et l’académique comme dans La Bolduc.

La poussière, la misère, la faim, la peur sont montrées à l’écran avec autant de talent qu’ils étaient évoqués dans les romans.

J’ai fait le test et j’ai regardé les deux premiers épisodes avec quelqu’un qui n’avait pas lu les livres (mais qui m’a entendue m’extasier pendant des semaines quand j’engouffrai­s les quatre tomes). Voici le verdict de mon mari : « Magnifique. Une des plus belles séries que j’ai vue. »

Je ne sais pas pourquoi, certains critiques des livres d’Elena Ferrante ont dit que c’était « un truc de filles ». Juste parce que les deux personnage­s principaux sont féminins ? Ridicule.

C’est un portrait de l’Italie des quartiers pauvres de l’aprèsguerr­e, avec une violence verbale et physique inouïe, une pauvreté intellectu­elle et l’ambitieux désir de s’extirper de son milieu, d’échapper à sa condition. Ça n’est ni féminin ni masculin, c’est juste très très bon.

Et la série télé est pareille : on ne nous épargne pas les scènes de violence et les femmes ne sont pas dépeintes comme de saintes innocentes.

Un critique du New York Times a dit qu’il y avait trop de narration dans My brilliant friend… Hmmm c’est parce que dans les quatre livres de la série, c’est la narratrice qui nous raconte son histoire. Si on avait enlevé ça à la télé, c’est comme si on avait enlevé les dragons dans l’adaptation à l’écran de Game of Thrones.

CI PARLIAMO

My brilliant friend est la première série dans une autre langue que l’anglais diffusée sur HBO (si on exclut le dothraki parlé dans Game of Thrones). C’est sûr qu’il faut constammen­t suivre les sous-titres, car même si vous parlez un peu italien, vous risquez de ne pas comprendre grand-chose au dialecte napolitain parlé le plus souvent par les personnage­s.

Mais on a bien suivi Narcos à Netflix et personne n’est mort de devoir se taper des sous-titres, à ce que je sache.

En italien, on dit bravo à un homme et brava à une femme. Alors, « brava » l’amie prodigieus­e !

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