Le Journal de Montreal

L’ingérence intempesti­ve d’Ottawa

- NATHALIE ELGRABLY-LEVY nathalie.elgrably@quebecorme­dia.com

Outrée que des cliniques privées permettent à des Québécois d’obtenir rapidement des examens médicaux, la ministre fédérale de la Santé, Mme Petitpas-Taylor, invoque le cadre juridique pour exiger la cessation de cette pratique. La semaine dernière, je déplorais le fait qu’elle préfère voir les malades se morfondre sur d’interminab­les listes d’attente pendant que leur état de santé se détériore, quelquefoi­s de manière fatale, plutôt que d’envisager un quelconque ajustement à la loi.

RELOOKAGE

Mais privilégie­r la légalité au détriment de la légitimité n’est pas l’unique crime d’Ottawa. Il est également coupable de s’ingérer dans une compétence provincial­e afin d’imposer son agenda « progressis­te », lequel n’est qu’un relookage fourbe de l’archaïque idéologie gauchiste.

Non seulement les cliniques privées sont-elles légitimes, mais elles sont également en droit d’offrir certains tests, dont les IRM. Si Mme la ministre avait lu l’article 22 du Règlement d’applicatio­n de la Loi sur l’assurance maladie, elle saurait qu’une panoplie de tests sont non assurés, sauf s’ils sont dispensés par un hôpital. Cela signifie qu’il est parfaiteme­nt légal pour un Québécois de payer pour un examen en clinique privée, alors que cet examen est offert gratuiteme­nt (mais moyennant des mois d’attente !) dans un établissem­ent gouverneme­ntal.

Si Mme la ministre était informée, elle saurait également que seule la mixité du financemen­t est illégale. Un patient ne peut donc ni payer pour obtenir un service dispensé par un hôpital ni utiliser des fonds publics pour financer un service rendu par une clinique privée.

FRASQUES

Le secteur privé introduit de la flexibilit­é et de la concurrenc­e dans un système potentiell­ement létal du fait de sa rigidité. L’initiative fédérale relève donc de l’ingérence intempesti­ve. Elle prouve également que l’idéologie du gouverneme­nt Trudeau triomphe sur la santé des citoyens.

Pourtant, entre les déficits stratosphé­riques, les promesses électorale­s oubliées et les frasques honteuses du premier ministre, Ottawa a largement de quoi s’occuper !

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