Mélanie Ghanimé est aigre-douce
Pari relevé pour Mélanie Ghanimé. Avec BRUT[e], son premier spectacle solo, l’humoriste prouve qu’elle a l’étoffe d’une comique de talent, qu’elle a des choses à dire et sait comment les dire.
La presque quadragénaire, énergique et expressive, a franchi la sortie de l’École nationale de l’humour en 2009 et a fourbi ses armes pendant presque 10 ans avant de proposer cette carte de visite, dont la rentrée montréalaise avait lieu hier, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.
VIVE D’ESPRIT
Sur scène, Mélanie Ghanimé est seule avec son micro, un tabouret, un verre d’eau et les préoccupations d’une femme de 39 ans, à travers laquelle plusieurs femmes de sa génération se reconnaîtront.
Qui, déclame-t-elle fièrement, est « germaine ascendant “control freak” », vient de commencer à faire du « couponing », aime se juger ellemême autant que les autres (« Le “bitchage”, c’est le yoga pour le monde pas flexible », a-t-elle statué) et assume sa sensibilité (« Je ne me suis pas encore remise de la mort de la soeur de Pete dans Chambres en
ville »). Elle jase de sujets comme la thérapie, la gaine, l’épilation et Tinder avec suffisamment d’aplomb pour leur apporter un éclairage drôle. « J’en ai, des fiertés », lance-t-elle pour se consoler de n’avoir pas encore, à son âge, réalisé ses rêves de petite fille. « Je sais lire… » Le premier segment, où Ghanimé parle de quelques-unes de ses téléréalités chouchous, envoie des flèches bien visées à XOXO et Occupation Double (« J’adore ça, voir les réactions de 12 personnes qui sont jamais sorties de Saint-Eustache ! ») ou Barmaids (« C’est pas là que t’allais récupérer des petits détails que t’avais manqués dans ton cours d’histoire… »).
SALACE OU GENTILLE
Ghanimé n’évite pas les clichés, mais elle sait les traiter avec un doigté bien à elle. Elle y va parfois d’une vulgarité assumée, comme dans cette longue portion, très salace, traitant des « baises de marde », de la masturbation et de la « porn » féministe.
Mélanie Ghanimé est souvent rafraîchissante en se permettant d’être crue et osée, un brin engagée lorsqu’elle aborde ses anciens complexes vis-à-vis la féminité, ou alors simplement légère.