Le Journal de Montreal

DUEL DE GÉANTS À9M$

Tiger Woods et Phil Mickelson s’affrontent dans un match unique à Las Vegas

- François-David Rouleau FDRouleauJ­DM

LAS VEGAS | À travers le temps, de grandes confrontat­ions entre pugilistes ont marqué Sin City. Le combat sera cette fois disputé loin d’un ring, sur un parcours de golf. Cet après-midi, Las Vegas sera le théâtre d’un duel au sommet entre Tiger Woods et Phil Mickelson dans un événement sans précédent.

Jamais deux poids lourds n’en ont décousu pour illustrer leur supériorit­é l’instant d’une ronde. Les Jack Nicklaus, Arnold Palmer et Gary Player ont livré de féroces batailles sur les allées des championna­ts majeurs durant des décennies.

Ce match qui aura lieu au club de golf Shadow Creek entre deux grandes vedettes de l’époque moderne marque l’imaginaire dans tous les sens du terme. S’il attire la curiosité de plusieurs, il attire aussi les foudres des puristes. La planète golf est divisée sur les motifs d’un duel entre deux joueurs dans la quarantain­e, qui ne sont plus à leur zénith, mais qui compilent tout de même 19 titres majeurs.

Pendant que certains attendent avec impatience le premier coup de départ de cette partie disputée en formule par trou, d’autres prétendent qu’il s’agit plutôt d’un gros coup de marketing puisque ce match sera uniquement présenté à la télévision à la carte, sans spectateur­s sur le parcours.

POUR LA FIERTÉ

Faut-il le rappeler, neuf millions de dollars sont en jeu afin de sortir les deux richissime­s vedettes de leur zone de confort. Le vainqueur remportera le magot et en placera une portion dans des oeuvres de charité de son choix. Mais surtout, avec sa fierté, il pourra beurrer d’humiliatio­n le perdant durant des années. Mickelson et Woods sont des spécialist­es en la matière.

C’est bien connu, Mickelson est un grand parieur. Il se délecte quand il y a une épaisse pile de billets verts à l’enjeu en ronde d’entraîneme­nt avec ses comparses du circuit de la PGA, et il n’hésite jamais à leur faire savoir qu’il a gagné. Et Woods, plus réservé à l’écran, ne laisse pas sa place pour taquiner et déranger ses rivaux sur les parcours en distribuan­t de petits « jabs » destructeu­rs. Le gaucher en paiera certaineme­nt le prix cet après-midi. Les téléspecta­teurs pourront d’ailleurs les entendre en direct, car tant les golfeurs que les cadets seront équipés de micros.

Mardi, en conférence de presse, alors que Lefty ne cessait de parler, le Tigre le remettait à sa place par quelques mots bien pesés en esquissant un large sourire. Sans retenue, vêtu de son fameux chandail signature rouge, Woods faisait une allusion intimidant­e à l’ensemble de son oeuvre : 80 victoires de la PGA et 14 conquêtes du Grand Chelem.

« N’oublie pas que j’ai gagné l’Omnium des États-Unis aussi », a rappelé Woods. Cette flèche envenimée illustrait l’incapacité de Mickelson à compléter son Grand Chelem alors que l’Omnium américain est le seul tournoi majeur qu’il n’a pu savourer.

« Tu peux plaisanter, mais vendredi, ce sera ma chance d’avoir du plaisir », a répliqué le gaucher aux cinq titres majeurs.

LES FLEURS

Il l’a toutefois encensé en déclarant que sa victoire par 15 coups à Pebble Beach lors de l’Omnium américain en 2000 était « simplement la plus grande performanc­e dans l’histoire du golf et possibleme­nt dans l’histoire du sport. Il a continué à jouer à un très haut niveau durant des années. Le plus grand de tous les temps est un slogan qui le représente bien, selon moi ».

Woods lui a également lancé des fleurs en le qualifiant de « l’un des meilleurs joueurs à avoir saisi un bâton de golf ». Devant ces belles paroles, Mickelson s’est empressé de demander avec humour si quelqu’un avait bien enregistré la séquence tellement il n’en croyait pas ses oreilles.

Car au fil des deux dernières décennies, Woods a toujours trouvé le moyen de le contrarier. De six ans plus jeune, le Tigre a abaissé plusieurs de ses marques dès les rangs universita­ires. Chez les pros, sa domination a laissé le talentueux gaucher en plan.

L’histoire démontre qu’à plusieurs reprises, Woods l’a éclipsé. Il s’est rapidement installé dans sa tête sans même payer un loyer !

« Il y a quelques moments où j’ai pu avoir le dessus, comme au tournoi AT&T à Pebble Beach en 2012, a précisé Lefty. J’ai gagné avec une ronde finale de 64 pendant que Tiger terminait avec un 75 à mes côtés. Je préfère me remémorer ces moments. »

Il faut avouer qu’il a rarement savouré ces instants de joie dans leur longue bataille. Une victoire aujourd’hui lui permettrai­t d’obtenir une minime vengeance.

Neuf millions de dollars, ça ne change pas le monde, mais… au-delà de la fierté et de l’honneur, Mickelson préférerai­t-il compléter son Grand Chelem en remportant l’Omnium américain ? Il pourrait enfin ignorer les railleries agaçantes de Woods.

Qu’importe, ce duel n’a rien d’officiel. Il ne laissera aucune trace dans les livres d’histoire du sport… Il sera toutefois divertissa­nt.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada