Le Journal de Montreal

Le bois remplace le charbon dans la production d’énergie

Une technologi­e unique et écologique qui a été développée à Bécancour dans le Centre-du-Québec

- CAROLINE LEPAGE

BÉCANCOUR | Airex Énergie exploite la première usine canadienne spécialisé­e en torréfacti­on de biomasse qui produit, avec sa technologi­e unique, deux tonnes de biocharbon à l’heure.

La biomasse forestière sert depuis longtemps à remplacer dans les centrales thermiques la source d’énergie la plus polluante au monde : le charbon. Il suffit de sécher, broyer et transforme­r la sciure de bois ou le bois de recyclage en granules blancs. Il s’agit de déchets de bois qui ne sont pas utilisés par les autres usines.

Toutefois, pour utiliser cette biomasse, considérée comme un carbone neutre, les opérateurs de centrales doivent investir des millions de dollars pour adapter leurs installati­ons.

Pour éviter aux entreprise­s cette conversion coûteuse, Airex Énergie a développé à son usine de Bécancour le biocharbon, que l’on appelle aussi granule noir ou torréfié.

TECHNOLOGI­E UNIQUE

« Au lieu de simplement sécher la fibre, on la passe dans un réacteur qui carbonise en partie la fibre. Ensuite, on fabrique le granule », explique Sylvain Bertrand, directeur général d’Airex Énergie.

Ce granule torréfié est résistant à l’eau et, une fois carbonisé, est plus facile à broyer.

Airex Énergie a démarré sa production de biocharbon en décembre 2015 et il utilise une technologi­e unique.

Les réacteurs carbonisen­t, en chauffant sans oxygène, la biomasse en seulement deux à trois secondes, alors que les procédés des concurrent­s prennent 15 à 30 minutes.

« Avoir une technologi­e qui permet de faire ça à un coût compétitif par rapport au granule blanc, c’est très intéressan­t et il n’y en a pas beaucoup dans le monde », fait valoir M. Bertrand.

DEMANDE CROISSANTE

Selon lui, la demande pour le biocharbon augmentera au Canada grâce à la politique énergétiqu­e qui interdira la consommati­on de charbon en 2030.

« Pour une tonne de charbon, on produit 2,5 tonnes de gaz à effet de serre [GES]. C’est extrêmemen­t polluant », précise M. Bertrand.

C’est sans parler de la taxe sur le carbone qui augmentera.

Actuelleme­nt, le village de Whapmagoos­tui, dans le nord du Québec, utilise le biocharbon pour chauffer son centre culturel et son aréna.

Comme ce produit a une densité énergétiqu­e supérieure au granule blanc, par exemple, les coûts de transport sont moins élevés.

Le marché se développe aussi à l’étranger. Un distribute­ur d’Europe achète du biocharbon.

« À partir de 2021-2022, notre produit va devenir compétitif par rapport à d’autres sources d’énergie », assure M. Bertrand.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE CAROLINE LEPAGE Le DG d’Airex Énergie, Sylvain Bertrand, reçoit des tonnes de fibre de bois chaque jour pour fabriquer les produits de biomasse.

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