DEUX PROFS SUR TROIS DISENT AVOIR ÉTÉ AGRESSÉS
68 % affirment avoir été victimes d’attaques physiques ou verbales
QUÉBEC | Les enseignants en adaptation scolaire lancent un véritable cri du coeur, alors que la majorité d’entre eux ont été victimes d’agressions physiques ou verbales en classe.
Le constat est « alarmant », selon la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) qui a réalisé un sondage interne uniquement auprès des enseignants en adaptation scolaire, une première (voir encadré).
Ces profs enseignent en classes spécialisées tant au primaire qu’au secondaire, auprès d’élèves qui ont des problèmes de comportement, d’apprentissage ou de santé mentale.
Sur les 1046 profs qui ont répondu à cette enquête, 68 % affirment avoir subi une agression dans les deux dernières années. Parmi eux, plus de la moitié indiquent avoir été victimes de violence physique.
Environ 50 % des enseignants estiment que leur direction, une fois informée de ces agressions, a banalisé la situation, n’a pas agi ou ne savait pas quoi faire, les laissant à eux-mêmes.
DES CAS TROUBLANTS
Dans le cadre de ce sondage, les enseignants ont aussi été invités à décrire des situations vécues. Les exemples sont nombreux (voir encadré ): √ morsures √ coups de pied, coups de poing
√ attaque avec un objet ou un meuble de la classe
√ une prof traitée de nom chaque jour (salope, pute, grosse vache) √ menaces de mort La quasi-totalité des profs interrogés croit par ailleurs que leur quotidien est plus lourd qu’avant, à cause d’une hausse importante des problèmes de santé mentale et d’une plus grande diversité des problématiques parmi les élèves.
La présidente de la Fédération, Josée Scalabrini, a été surprise par « l’ampleur des difficultés et le cri du coeur qui a été envoyé ». « Les profs en adaptation scolaire nous disent : on a besoin d’aide. Ils se sentent abandonnés », lance-t-elle. Au fil des ans, le nombre de classes spécialisées a diminué pour favoriser l’intégration des élèves en difficulté dans les classes ordinaires, rappelle Mme Scalabrini. Résultat : les classes en adaptation scolaire regroupent maintenant des élèves avec des problématiques plus variées que les autres.
CLASSE MÉLI-MÉLO
Une enseignante raconte que parmi ses 16 élèves, certains ont une déficience intellectuelle légère, d’autres une dyspraxie, un déficit d’attention ou encore un trouble de langage sévère, un trouble du spectre de l’autisme, des troubles d’apprentissage ou encore des troubles de comportement.
« Oui, ils sont formés pour être en adaptation scolaire, mais pas pour régler tous les problèmes de la société, lance Mme Scalabrini. Ils vivent un grand sentiment d’impuissance et c’est inacceptable. »