Le Journal de Montreal

Une mort évitable

L’ado est décédé à l’hôpital après s’être fait administre­r une dose de morphine

- VINCENT LARIN

Jimmy-Lee Durocher est décédé à 17 ans parce que l’infirmière qui lui a administré de la morphine n’a pas respecté les protocoles de surveillan­ce.

Le décès d’un jeune homme de 17 ans après une opération de routine dans un hôpital de Joliette est survenu parce que l’infirmière qui lui a administré de la morphine n’a pas respecté les protocoles de surveillan­ce par la suite.

La mort de Jimmy-Lee Durocher était « hautement évitable », conclut le coroner et médecin Louis Normandin dans son rapport, dont Le Journal a obtenu copie.

Le jeune homme, entré en « parfaite santé » au Centre hospitalie­r régional de Lanaudière (CHRDL) en janvier 2018, est décédé des suites d’un arrêt cardioresp­iratoire à l’Hôpital du Sacré-Coeur, à Montréal le lendemain d’une opération de routine pour lui retirer l’appendice.

C’est une dose de 5 mg de morphine administré­e par voie sous-cutanée qui lui fut fatale, note le Dr Normandin.

« Du seul fait qu’il n’avait pas reçu de morphine auparavant (on le dit alors naïf à la morphine), M. Durocher méritait une attention profession­nelle compétente », note le coroner tout en s’interrogea­nt sur la pertinence d’administre­r un tel sédatif.

Or, le non-respect du protocole par l’infirmière ayant la responsabi­lité de M. Durocher a « influencé défavorabl­ement » deux de ses collègues, qui n’ont pas cru bon de vérifier par elles-mêmes l’état de santé du patient, poursuit le coroner.

La mère de Jimmy-Lee Durocher, qui dormait dans la même chambre, les avait alertés du ralentisse­ment progressif de son rythme cardiaque en utilisant à deux reprises la sonnette.

CHANGEMENT DE QUART FATAL

Mais comme il s’agissait d’un changement de quart pour les infirmière­s, elles ne pouvaient s’occuper des patients dans l’immédiat, souligne le coroner Normandin dans son rapport.

« De voir un système qui a ce manque de responsabi­lité là, je n’en reviens pas », s’insurge le père de Jimmy-Lee, Ghislain Durocher, qui a entamé des démarches judiciaire­s contre le CHRDL.

Déterminé à connaître toute la vérité sur le décès de son fils, le résident de SaintZénon, dans Lanaudière, affirme avoir demandé à plusieurs reprises le registre des opiacés de l’hôpital pour connaître la dose exacte qui a été administré­e à son fils, mais sans succès.

« J’espère que l’exemple de mon gars va aider à ce que ça change pour qu’il ne soit pas mort en vain », explique-t-il, la voix tordue par l’émotion.

Avec des proches, dont sa fille Stéfanie et sa conjointe, la belle-mère de Jimmy-Lee, M. Durocher a créé une fondation qui a tenu plusieurs activités cet été afin d’amasser des fonds en vue d’aider la famille à financer les démarches judiciaire­s.

Contactée par Le Journal, une porteparol­e du Centre intégré de Santé et de Services sociaux de Lanaudière, qui gère l’hôpital de Joliette, indique que des changement­s ont été apportés aux pratiques cliniques à la suite de ce décès.

« La Direction du CISSS de Lanaudière a réalisé une enquête au cours des derniers mois et a pris les mesures appropriée­s auprès des employées concernées par cet événement », indique-t-elle.

Le CISSS affirme aussi attendre de consulter le rapport du Dr Normandin afin de mettre en place d’autres mesures.

Dans son rapport, le coroner indique d’ailleurs que le CISSS a pris des mesures disciplina­ires à l’endroit de l’infirmière responsabl­e de Jimmy-Lee Durocher au moment de son hospitalis­ation.

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PHOTO COURTOISIE Jimmy-Lee Durocher, qu’on voit ici avec sa soeur, Stéfanie Durocher, est décédé dans des circonstan­ces nébuleuses après une opération pour lui retirer l’appendice.

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