CORROMPU JUSQU’A L’OS
Il a reçu 10 millions $ en pots-de-vin pour favoriser la firme de génie-conseil SNC-Lavalin
L’ex-bras droit d’Arthur Porter, Yanaï Elbaz, a plaidé coupable hier d’avoir reçu un pot-de-vin de 10 M$ pour favoriser SNC-Lavalin dans la construction du CUSM.
Un ancien haut dirigeant du Centre universitaire de santé McGill a reconnu hier avoir encaissé un pot-de-vin de 10 millions $ dans le scandale de la construction du méga-hôpital, considéré comme le pire cas de corruption au pays.
« Afin de favoriser l’octroi du contrat au consortium [mené par la firme SNC-Lavalin], il a pris part à des jeux d’influence et à des tractations […], il a accepté et reçu en échange un montant de 10 M$ », peut-on lire dans l’exposé relatant les crimes de Yanaï Elbaz, l’ex-bras droit de l’ancien directeur général du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), Arthur Porter.
Cela devrait valoir à l’accusé de 49 ans une sentence de 39 mois derrière les barreaux.
L’ancien directeur général adjoint du CUSM a plaidé coupable hier de corruption, d’abus de confiance, de complot et de recyclage de produits de la criminalité en lien avec le contrat de construction du méga-hôpital à Montréal.
Entre 2008 et 2011, le centre hospitalier était en appel d’offres afin de construire le campus Glen. En tant que directeur général adjoint du CUSM, Elbaz avait accès à des informations privilégiées.
Mais faisant fi des règles de confidentialité, il a manoeuvré pour avantager SNC-Lavalin, qui a finalement obtenu le contrat évalué à 1,4 milliard $. En échange, la firme de génie-conseil a versé 22,5 M$ en pots-de-vin, dont un peu moins de la moitié à Elbaz.
PRÊTE-NOMS
« Yanaï Elbaz a eu recours à des sociétés-coquilles en utilisant des prêtenoms […] afin de transférer et de convertir ces fonds illicites », peut-on lire dans l’exposé des faits déposé au palais de justice de Montréal.
À la commission Charbonneau, ce scandale avait été qualifié de pire cas de corruption dans l’histoire du Canada.
L’aveu de culpabilité d’Elbaz survient à la suite de « plusieurs mois de négociations », ont reconnu tant la procureure de la Couronne Claudie Lalonde-Tardif que Nadine Touma, de la défense.
Elles se sont d’ailleurs entendues pour recommander au juge Claude Leblond une peine de 39 mois de pénitencier.
« Il a profité de son statut de dirigeant [du CUSM], il a multiplié les comptes bancaires [pour cacher] le montant », a reconnu Me Touma.
PÉNITENCIER
Comme facteur atténuant, l’avocate a entre autres souligné que le risque de récidive était faible et que l’État a pu récupérer certaines sommes d’argent, sans en préciser le montant.
Le juge rendra sentence demain, ce qui n’a pas empêché Elbaz d’être incarcéré sur-le-champ. En prenant le chemin de la détention, il en a profité pour faire un clin d’oeil à son frère Yohann, qui était lui aussi accusé dans cette affaire, mais qui a pu profiter d’un acquittement hier.
Il ne reste donc plus qu’un seul accusé à être jugé dans ce dossier. Pierre Duhaime, ex-PDG de SNC-Lavalin qui fait face à 16 accusations entre autres de complot, de fraude et d’abus de confiance, doit revenir à la cour ce jeudi, pour la suite des procédures.