Un prof acquitté de crimes sexuels réclame 1,37 M$
L’homme affirme que les allégations étaient « carrément mensongères »
Un enseignant du primaire, qui dit avoir été injustement accusé de crimes sexuels sur deux élèves, réclame maintenant plus de 1,3 M$ en dommages du Procureur général, des policiers, de la commission scolaire et de deux anciennes collègues de travail.
« On ne saurait imaginer pire atteinte à la réputation pour un enseignant du primaire que de se retrouver face à des allégations d’attouchements sexuels sur des mineurs et d’agressions sexuelles », peut-on lire dans la poursuite récemment déposée par Yann Lemoine, en Cour supérieure.
Selon ce qu’on y relate, toute l’affaire débute en 2015, lorsqu’une enseignante allègue avoir vu une élève assise sur les genoux de son collègue, au fond d’une classe barrée.
Après en avoir parlé à la direction, elle en glisse un mot à une de ses collègues qui s’est dit témoin de marques d’affection de l’homme envers cette élève. Les deux femmes échangent plusieurs fois à ce sujet et font des déclarations à la police, selon la poursuite.
La fillette de 10 ans nie s’être sentie menacée par son prof tout au long de l’enquête, y précise-t-on.
En 2016, l’homme de 47 ans de Saint-Hippolyte fait néanmoins face à six chefs d’accusation d’ordre sexuel. Il travaillait alors pour l’école Grand-Héron, à Sainte-Sophie.
CONTRADICTIONS
Yann Lemoine a été acquitté de l’ensemble des chefs d’accusation portés contre lui le 15 décembre 2017, au palais de justice de Saint-Jérôme.
Les accusations ont avorté en raison d’une insuffisance de preuves et de contradictions ressortant du dossier, selon ce que rapporte le document soumis au tribunal.
« Ces allégations étaient au mieux téméraires, sinon mensongères, truffées de contradictions et d’invraisemblances, et reposaient essentiellement sur des impressions et des ragots », peut-on y lire.
Lemoine n’avait à l’époque ni conjointe ni enfant, ce qui avait intensifié les soupçons des enseignantes, suggère la poursuite.
Yann Lemoine soutient que la Sûreté du Québec a suggéré qu’on intente des procédures judiciaires contre lui malgré une enquête ne présentant pas les conclusions nécessaires. La SQ, ajoute-ton également, soupçonnait à tort l’enseignant d’avoir fait d’autres victimes.
La réclamation de l’enseignant vise ses deux anciennes collègues et la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord. Deux membres de la SQ sont aussi poursuivis, ainsi que le Procureur général du Québec.
PRÉJUDICES
« [Yann Lemoine a subi] d’importants préjudices moraux, dont du stress, des troubles, inconvénients, préjudices psychologiques et une perte de la jouissance de la vie », est-il indiqué dans le document.
Lemoine réclame 1,12 M$ à titre de pertes pécuniaires et 250 000 $ en dommages-intérêts.
L’homme justifie cette somme par la perte de son salaire, de gains futurs et de rente de retraite. Il entend payer ses soins psychologiques et les frais de scolarité de sa réorientation professionnelle.
Lemoine enseigne aujourd’hui le français langue seconde à des adultes. Il a enseigné au primaire pendant 15 ans, de 2000 à 2015.