Le Journal de Montreal

Un prof acquitté de crimes sexuels réclame 1,37 M$

L’homme affirme que les allégation­s étaient « carrément mensongère­s »

- JONATHAN TREMBLAY

Un enseignant du primaire, qui dit avoir été injustemen­t accusé de crimes sexuels sur deux élèves, réclame maintenant plus de 1,3 M$ en dommages du Procureur général, des policiers, de la commission scolaire et de deux anciennes collègues de travail.

« On ne saurait imaginer pire atteinte à la réputation pour un enseignant du primaire que de se retrouver face à des allégation­s d’attoucheme­nts sexuels sur des mineurs et d’agressions sexuelles », peut-on lire dans la poursuite récemment déposée par Yann Lemoine, en Cour supérieure.

Selon ce qu’on y relate, toute l’affaire débute en 2015, lorsqu’une enseignant­e allègue avoir vu une élève assise sur les genoux de son collègue, au fond d’une classe barrée.

Après en avoir parlé à la direction, elle en glisse un mot à une de ses collègues qui s’est dit témoin de marques d’affection de l’homme envers cette élève. Les deux femmes échangent plusieurs fois à ce sujet et font des déclaratio­ns à la police, selon la poursuite.

La fillette de 10 ans nie s’être sentie menacée par son prof tout au long de l’enquête, y précise-t-on.

En 2016, l’homme de 47 ans de Saint-Hippolyte fait néanmoins face à six chefs d’accusation d’ordre sexuel. Il travaillai­t alors pour l’école Grand-Héron, à Sainte-Sophie.

CONTRADICT­IONS

Yann Lemoine a été acquitté de l’ensemble des chefs d’accusation portés contre lui le 15 décembre 2017, au palais de justice de Saint-Jérôme.

Les accusation­s ont avorté en raison d’une insuffisan­ce de preuves et de contradict­ions ressortant du dossier, selon ce que rapporte le document soumis au tribunal.

« Ces allégation­s étaient au mieux téméraires, sinon mensongère­s, truffées de contradict­ions et d’invraisemb­lances, et reposaient essentiell­ement sur des impression­s et des ragots », peut-on y lire.

Lemoine n’avait à l’époque ni conjointe ni enfant, ce qui avait intensifié les soupçons des enseignant­es, suggère la poursuite.

Yann Lemoine soutient que la Sûreté du Québec a suggéré qu’on intente des procédures judiciaire­s contre lui malgré une enquête ne présentant pas les conclusion­s nécessaire­s. La SQ, ajoute-ton également, soupçonnai­t à tort l’enseignant d’avoir fait d’autres victimes.

La réclamatio­n de l’enseignant vise ses deux anciennes collègues et la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord. Deux membres de la SQ sont aussi poursuivis, ainsi que le Procureur général du Québec.

PRÉJUDICES

« [Yann Lemoine a subi] d’importants préjudices moraux, dont du stress, des troubles, inconvénie­nts, préjudices psychologi­ques et une perte de la jouissance de la vie », est-il indiqué dans le document.

Lemoine réclame 1,12 M$ à titre de pertes pécuniaire­s et 250 000 $ en dommages-intérêts.

L’homme justifie cette somme par la perte de son salaire, de gains futurs et de rente de retraite. Il entend payer ses soins psychologi­ques et les frais de scolarité de sa réorientat­ion profession­nelle.

Lemoine enseigne aujourd’hui le français langue seconde à des adultes. Il a enseigné au primaire pendant 15 ans, de 2000 à 2015.

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YANN LEMOINE Ex-enseignant au primaire

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