Deux caribous victimes de braconniers « sans morale »

Il ne resterait que 16 bêtes sauvages dans la harde de Val-d’Or en Abitibi

VAL-D’OR | Deux des 18 caribous forestiers qui restaient en Abitibi ont été tués par des braconniers, tout juste un mois après qu’un des 75 derniers de la Gaspésie a subi le même sort.

Ce deuxième événement, qui ne serait toutefois pas relié au premier, porte un dur coup au troupeau de caribous forestiers de Val-d’Or, considérés comme une espèce vulnérable.

« Le plus “dégueulasse”, c’est que les gens savent qu’il y a une grosse bataille depuis au moins deux ans en Abitibi pour la sauvegarde de ce troupeau, lâche Henri Jacob, écologiste et président de l’Action boréale. Ces gens-là n’ont aucune morale. Ils se foutent d’à peu près tout ce qui se passe. »

Mercredi dernier, un citoyen a signalé la présence de deux carcasses de caribous sur le chemin forestier Twin.

PROTÉGER LE TROUPEAU

Même si certains y ont vu un coup d’éclat contre les écologistes, Henri Jacob croit plutôt qu’il s’agit d’un pur acte de braconnage, étant donné que toute la viande a été retirée des bêtes.

Des expertises seront effectuées sur les restes des animaux, ce qui permettra de déterminer l’âge et le sexe des bêtes, entre autres.

Hier, le nouveau ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, s’est contenté de dire qu’il « analyse la situation » quant à l’avenir du troupeau et sa possible protection.

Le ministre a rencontré des gens de l’industrie forestière et de l’Action boréale, sans pouvoir en dire plus sur ce qui a été discuté.

« Il n’y a pas de décision de prise officiellement. On essaie de voir s’il y a des façons plus normales d’agir que de tout simplement dire ce qu’on a entendu de l’ancien gouvernement », dit-il.

En mars 2018, l’ancien ministre libéral de la Faune Luc Blanchette avait dit qu’il faudrait investir 76 M$ pendant 50 ans pour sauver la population de caribous forestiers de Val-d’Or. Une dépense qu’il avait alors jugée trop coûteuse.

PAS AU ZOO

L’année précédente, il avait tenté de les transférer au zoo de St-Félicien, mais le zoo s’était retiré du dossier en raison de la controverse.

Action boréale propose de son côté un plan de rétablissement, qui prévoit la construction d’enclos de transition pendant trois ans avec des mâles et des femelles. Leurs petits seraient ensuite introduits au reste du troupeau à l’âge d’un an. Le plan serait plus accessible financièrement.

Quant au caribou forestier de la Gaspésie qui avait été trouvé éviscéré en octobre, il n’y a toujours pas de développement dans l’enquête, assure le ministère. Les auteurs de ces gestes risquent des amendes de 20 000 $.