Pas si généreuses, les pétrolières !
Les automobilistes sont tout fiers de ce temps-ci de voir le prix de l’essence osciller autour des 1,13 $ le litre, en baisse de 25 cents sur le prix affiché (1,38 $) il y a six mois. Une belle diminution de 18 % !
Est-ce à dire que les pétrolières font preuve de générosité envers les automobilistes québécois ?
Aucunement ! Non seulement les pétrolières ne nous refilent pas l’entièreté de la chute du prix du baril de pétrole importé de l’étranger, mais en plus elles conservent, pour elles seules, l’énorme escompte obtenu sur le pétrole en provenance de l’Ouest canadien.
Depuis le 22 mai dernier, le WTI (West Texas Intermediate) a chuté de 27 %, à 51,77 $ US le baril.
Le Brent a reculé de 24 %, se négociant hier au prix de 60,84 $ US.
Par rapport à ces deux références internationales de pétrole brut, on pourrait dire que les pétrolières se gardent un « petit » bénéfice de 6 à 9 points de pourcentage. Mais la réalité est tout autre. Les pétrolières sont beaucoup plus gourmandes.
Il faut savoir qu’une importante portion du pétrole raffiné au Québec provient maintenant de l’Ouest canadien, lequel pétrole arrive par pipeline depuis l’Alberta.
Ce pétrole canadien représenterait de 40 à 60 % des approvisionnements, selon les mois.
LA MAIN SUR L’ESCOMPTE
Ces approvisionnements en pétrole canadien bénéficient d’un énorme escompte.
À preuve, depuis le 22 mai dernier, selon les références canadiennes, le baril de pétrole brut en provenance de l’Ouest canadien a chuté de 55 à 75 %.
Le WCS (Western Canadian Select) s’est effondré de 75 %, à 13,42 $ US le baril. Pour sa part, l’indice CCI (Canadian Crude Index) a subi une dégelée de 59 %, se négociant actuellement à 21,13 $ US le baril.
Par rapport au cours actuel du baril de pétrole brut du WTI américain (51,77 $ US), le baril de WCS (13,42 $ US) et celui de CCI (21,13 $ US) canadiens se négocient ainsi à gros prix d’escompte
Si les pétrolières acceptaient de faire bénéficier les automobilistes québécois de l’escompte qu’elles obtiennent sur leurs approvisionnements en pétrole canadien, j’ai calculé que cela pourrait se traduire par une baisse d’environ 13 cents le litre à la pompe.
C’est donc dire que le litre d’essence ordinaire, dans la région de Montréal, par exemple, se vendrait autour de 1 $ au lieu de 1,13 $.
LES TAXES VARIENT PEU
Que le prix de l’essence baisse à la pompe, cela affecte très peu le montant des taxes que Québec et Ottawa encaissent sur la vente de l’essence.
Lorsque le litre se vendait 137,4 cents le 22 mai dernier, Québec et Ottawa se partageaient 50,1 cents.
Hier, sur le litre d’essence à 112,6 cents, Québec et Ottawa empochaient 46,9 cents, soit à peine 6,4 % de moins que le 22 mai dernier alors que le litre se vend aujourd’hui 18 % moins cher.
L’écart s’explique par le fait qu’une grande portion de la taxation de l’essence renferme des taxes fixes, dont la taxe d’accise fédérale (10 cents/litre), la taxe provinciale sur les carburants (19,2 cents/litre), et la majoration (3 cents/litre) de cette taxe pour le transport collectif.
Seules la TVQ et la TPS varient en fonction du prix à la pompe.