Le Journal de Montreal

2,7 milliards $ pour des branchemen­ts inutiles

Ces frais s’ajoutent au 1,1 milliard $ d’achats inutiles d’énergie éolienne cette année

- PIERRE COUTURE

Pour brancher les 38 parcs éoliens privés à son réseau, HydroQuébe­c a dû débourser plus de 2,7 milliards $ depuis 2005, révèle un document interne de la société d’État. Une facture qui a été refilée aux clients d’Hydro-Québec.

C’est la première fois qu’Hydro-Québec dévoile les coûts totaux qui ont été requis pour brancher les 38 parcs éoliens privés sur son territoire.

Ces frais de branchemen­t au réseau de transport d’Hydro-Québec n’incluent pas les achats d’électricit­é éolienne, dont la facture frisera cette année 1,1 milliard de dollars (11 térawatthe­ures). Un térawatthe­ure peut alimenter en électricit­é environ 50 000 maisons.

« Hydro-Québec a l’obligation d’assumer les coûts de raccordeme­nt des parcs éoliens, conforméme­nt aux lois en vigueur », a fait savoir hier un porte-parole de la société d’État, Louis-Olivier Batty.

Les frais de branchemen­t incluent généraleme­nt l’installati­on de lignes de transport d’électricit­é et de transforma­teurs pour mettre le courant du parc éolien sur le réseau d’Hydro-Québec.

Sur les 2,7 milliards $, 981 millions $ ont également servi à rembourser la constructi­on de postes élévateurs et de réseaux collecteur­s aux promoteurs de ces parcs éoliens.

Au Québec, Hydro-Québec dit qu’elle paie en moyenne 10 cents pour chaque kilowatthe­ure d’énergie éolienne acheté aux promoteurs privés.

Il faut dire que d’imposants blocs d’achat d’énergie éolienne ont été imposés à Hydro-Québec par le gouverneme­nt du Québec lors de décrets ministérie­ls au milieu des années 2000.

Les quatre appels d’offres lancés par Hydro-Québec depuis 2005 totalisent jusqu’à maintenant plus de 3710 mégawatts (MW) de production installée.

DES ACHATS INUTILES

Selon la vérificatr­ice générale du Québec, Guylaine Leclerc, les achats d’électricit­é éolienne inutiles imposés par le gouverneme­nt à Hydro-Québec ont coûté jusqu’à présent 2,5 milliards de dollars aux contribuab­les québécois entre 2009 et 2016.

« Comme ces dépenses de branchemen­t sont venues s’ajouter aux dépenses courantes d’immobilisa­tion d’Hydro-Québec, ce sont tous ses clients qui doivent en assumer les frais », précise l’analyste en énergie Jean-François Blain.

Depuis 2014, Hydro-Québec doit notamment acheter en priorité l’énergie éolienne imposée par le gouverneme­nt.

Ces achats prioritair­es ont des incidences sur les niveaux d’eau dans les réservoirs de la société d’État.

Selon M. Blain, la capacité excédentai­re de production de la société d’État liée à l’achat d’énergie éolienne ne lui permet plus de gérer efficaceme­nt ses stocks d’eau derrière ses barrages.

En raison des surplus énergétiqu­es qui s’accumulent, Hydro-Québec déversera l’équivalent de 10 térawatthe­ures (TWh) de ses grands réservoirs cette année, a d’ailleurs confirmé la semaine dernière le PDG de la société d’État, Éric Martel.

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PHOTO D’ARCHIVES, SÉBASTIEN MÉNARD Le parc éolien privé de Carleton-sur-Mer, situé tout près de la Baie-des-Chaleurs, en Gaspésie, un des 38 que compte le territoire québécois. Hydro-Québec vient de révéler pour la première fois les coûts liés à leur branchemen­t au réseau de la société d’État.

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