Des jouets intelligents menaceraient la vie privée
Des failles de sécurité et un manque de transparence inquiètent les spécialistes
Des jouets intelligents tels que des oursons et des poupées munis de micro et connectés à internet pourraient récolter des renseignements personnels sur les enfants qui les utilisent prévient dans une étude Option consommateurs.
« On ne déconseille pas directement d’acheter ces jouets. On dit aux consommateurs : renseignez-vous sur ce que dit le fabricant du jouet sur la sécurité et la protection de la vie privée de l’enfant », explique Alexandre Plourde, avocat chez Options consommateurs.
PIRATAGE
My Friend Cayla fait partie des récents exemples problématiques. Cette poupée qui utilise un micro et une connexion internet pour répondre à presque n’importe quelle question a fait l’objet de plusieurs plaintes à travers le monde au cours des derniers mois.
Accusée d’être facilement piratable, la poupée pourrait permettre à un inconnu d’espionner la vie privée du foyer où elle se trouve et même de parler à distance à un enfant à travers son micro. Elle a d’ailleurs été retirée de la vente en Allemagne. Au Canada, quelques clics suffisent à la commander en ligne, comme a pu le vérifier Le Journal.
« Récemment on a aussi eu l’exemple des tablettes pour enfants connectées de l’entreprise Vtech, indique Alexandre Plourde. Des centaines de milliers de personnes ont vu leurs données compromises [après un piratage de l’entreprise]. »
Au Canada, le cas de Vtech a d’ailleurs fait l’objet d’une enquête du Commissaire de la protection à la vie privée qui a conclu en début d’année que le fabricant de jouets connectés avait rendu vulnérables à un accès non autorisé des données sensibles de millions d’enfants partout dans le monde
MANQUE D’INFORMATION
Me Plourde précise qu’Option consommateurs n’a pas effectué d’analyse de sécurité informatique sur les 300 jouets identifiés dans son étude, mais s’est intéressé à comprendre quelles données étaient recueillies et quels avertissements étaient fournis aux consommateurs.
L’organisme épingle à ce titre le Smart Toy de Fisher Price, un ourson interactif muni de capteurs capables notamment de retenir le nom d’un enfant et de lui raconter des histoires. Son emballage se contente de préciser qu’« aucune donnée permettant d’identifier l’enfant n’est transmise », sans plus de précisions sur l’utilisation des autres données recueillies.
RESSERRER LES LOIS
La Commission d’accès à l’information du Québec se dit très préoccupée par le rapport. Elle affirme, comme Option consommateurs, que les lois doivent être resserrées. Toutefois, aucune enquête n’a été effectuée sur ce type de jouets, selon Isabelle Gosselin, porte-parole de la commission.
De son côté, l’Office de la protection du consommateur mentionne qu’elle se penchera dûment sur le dossier, spécifiquement sur les produits qui présentent de la publicité aux jeunes.
« On va faire des vérifications et sévir s’il y a lieu de le faire », dit Charles Tanguay, de l’Office.