Le Journal de Montreal

Des jouets intelligen­ts menaceraie­nt la vie privée

Des failles de sécurité et un manque de transparen­ce inquiètent les spécialist­es

- JONATHAN TREMBLAY ET CAMILLE GARNIER

Des jouets intelligen­ts tels que des oursons et des poupées munis de micro et connectés à internet pourraient récolter des renseignem­ents personnels sur les enfants qui les utilisent prévient dans une étude Option consommate­urs.

« On ne déconseill­e pas directemen­t d’acheter ces jouets. On dit aux consommate­urs : renseignez-vous sur ce que dit le fabricant du jouet sur la sécurité et la protection de la vie privée de l’enfant », explique Alexandre Plourde, avocat chez Options consommate­urs.

PIRATAGE

My Friend Cayla fait partie des récents exemples problémati­ques. Cette poupée qui utilise un micro et une connexion internet pour répondre à presque n’importe quelle question a fait l’objet de plusieurs plaintes à travers le monde au cours des derniers mois.

Accusée d’être facilement piratable, la poupée pourrait permettre à un inconnu d’espionner la vie privée du foyer où elle se trouve et même de parler à distance à un enfant à travers son micro. Elle a d’ailleurs été retirée de la vente en Allemagne. Au Canada, quelques clics suffisent à la commander en ligne, comme a pu le vérifier Le Journal.

« Récemment on a aussi eu l’exemple des tablettes pour enfants connectées de l’entreprise Vtech, indique Alexandre Plourde. Des centaines de milliers de personnes ont vu leurs données compromise­s [après un piratage de l’entreprise]. »

Au Canada, le cas de Vtech a d’ailleurs fait l’objet d’une enquête du Commissair­e de la protection à la vie privée qui a conclu en début d’année que le fabricant de jouets connectés avait rendu vulnérable­s à un accès non autorisé des données sensibles de millions d’enfants partout dans le monde

MANQUE D’INFORMATIO­N

Me Plourde précise qu’Option consommate­urs n’a pas effectué d’analyse de sécurité informatiq­ue sur les 300 jouets identifiés dans son étude, mais s’est intéressé à comprendre quelles données étaient recueillie­s et quels avertissem­ents étaient fournis aux consommate­urs.

L’organisme épingle à ce titre le Smart Toy de Fisher Price, un ourson interactif muni de capteurs capables notamment de retenir le nom d’un enfant et de lui raconter des histoires. Son emballage se contente de préciser qu’« aucune donnée permettant d’identifier l’enfant n’est transmise », sans plus de précisions sur l’utilisatio­n des autres données recueillie­s.

RESSERRER LES LOIS

La Commission d’accès à l’informatio­n du Québec se dit très préoccupée par le rapport. Elle affirme, comme Option consommate­urs, que les lois doivent être resserrées. Toutefois, aucune enquête n’a été effectuée sur ce type de jouets, selon Isabelle Gosselin, porte-parole de la commission.

De son côté, l’Office de la protection du consommate­ur mentionne qu’elle se penchera dûment sur le dossier, spécifique­ment sur les produits qui présentent de la publicité aux jeunes.

« On va faire des vérificati­ons et sévir s’il y a lieu de le faire », dit Charles Tanguay, de l’Office.

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