Le Journal de Montreal

Chambly tente de justifier la démolition

La Ville affirme que ce n’était pas une décision improvisée

- MATTHIEU PAYEN Chambly ne s’est pas prononcée hier sur l’échéancier ou le coût de reconstruc­tion.

La Ville de Chambly soutient avoir détruit un bâtiment patrimonia­l, la semaine dernière, pour une question de sécurité, en s’appuyant sur l’avis d’un entreprene­ur qu’elle a pourtant obtenu 12 jours après avoir pris cette décision controvers­ée.

Sommée de s’expliquer après le tollé suscité par la démolition jeudi de la maison Boileau, une bâtisse vieille de 200 ans qui a appartenu à un patriote, la Municipali­té a livré hier une version nébuleuse de l’enchaîneme­nt des faits.

« J’ai pris la décision de détruire la maison parce qu’elle n’était pas sécuritair­e », a indiqué le directeur général de Chambly, Michel Larose.

Ce dernier a expliqué s’être fié à des rapports d’expertise de 2015 et 2017 montrant que la pourriture était bien présente et que la structure était endommagée. Mais c’est la visite de la maison Boileau par un entreprene­ur le 18 novembre dernier qui aurait scellé son sort.

SÉCURITÉ

« Je vous suggère de faire la démolition avec de l’équipement mécanique pour ne pas mettre la sécurité des travailleu­rs en danger », avait écrit Benoit Potvin à la Ville le 20 novembre.

M. Larose a affirmé hier avoir décidé de raser la maison 12 jours avant ce courriel, soit le 8 novembre. Il a même précisé que la démolition devait initialeme­nt avoir lieu le 16 novembre.

Niant avoir agi de façon improvisée, M. Larose a seulement reconnu qu’il aurait dû communique­r la nouvelle plus rapidement.

Ni les conseiller­s de l’opposition, ni les citoyens, ni la Société d’histoire de Chambly, ni le député, ni les médias n’ont été informés à l’avance. M. Larose admet même avoir avisé les cols bleus chargés des travaux la veille seulement.

« SAUVAGE »

« C’est une démolition sauvage, enrage l’historienn­e Louise Chevrier, membre de l’associatio­n Les amis de la maison Boileau. Aucun rapport d’expertise ne disait de mettre la maison à terre, c’était beaucoup plus nuancé. »

Deux spécialist­es en restaurati­on de vieux bâtiments ayant travaillé sur cette demeure vont dans le même sens.

« La maison n’était pas en perdition et pas dangereuse non plus », soutient Michel Martel, qui a inspecté la résidence en 2015.

« Quand on connaît les vieilles maisons, on sait que celle-ci était parfaiteme­nt restaurabl­e », affirme Yanic Couture, de la compagnie NIVO, qui précise avoir proposé à la Ville en 2017 de redonner vie à la bâtisse pour 1,3 million $.

Les deux experts regrettent surtout que rien n’ait été conservé. Les plafonds à caissons, les cheminées en pierre taillée et les boiseries rabotées à la main ont été rasés.

Et ce n’est pas la décision de la Ville de reconstrui­re à l’identique qui les console.

« L’âme de la maison est perdue », dit M. Couture, affirmant qu’il sera très coûteux de rebâtir en utilisant les bons matériaux.

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JEUDI DERNIER HIER
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CAPTURE D’ÉCRAN TVA NOUVELLES ET PHOTO MATTHIEU PAYEN Il ne reste plus rien aujourd’hui de la maison Boileau (photo du bas), une bâtisse vieille de 200 ans à Chambly, qui a été démolie par une pelle mécanique jeudi dernier (photo du haut).

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