Le Journal de Montreal

Un jeu d’évasion portant sur la violence amoureuse

La police de Laval lance un projet innovateur pour les jeunes de 14 à 18 ans

- CLAUDIA BERTHIAUME D’après une étude réalisée à l’UQAM en 2014, 30 % des jeunes sondés ont déclaré avoir subi de la violence amoureuse et 25 % en auraient fait vivre à leurs partenaire­s.

Face à la problémati­que de la violence amoureuse chez les ados, la police de Laval lance ce matin un parcours d’évasion innovateur au cours duquel les jeunes devront jouer les enquêteurs, à la recherche d’indices et de preuves pour mieux cerner ce phénomène inquiétant.

Intitulé Préven-Quête, le jeu immersif a été conçu dans une roulotte afin d’être facilement déplacé auprès de la clientèle cible du projet, les adolescent­s de 14 à 18 ans.

Les premiers à en bénéficier seront les résidents du Centre jeunesse de Laval.

Contrairem­ent aux autres parcours d’évasion très populaires auprès des jeunes en ce moment, le but de cette activité d’une durée totale d’environ une heure ne sera pas de s’échapper de l’habitacle.

« L’objectif, c’est qu’ils puissent identifier le cycle de la violence amoureuse, en décortique­r les étapes », explique l’agent Frédéric St-Jacques, responsabl­e du projet.

« Il n’y a pas de violence physique, parce que ça, c’est clair que c’est illégal. La violence psychologi­que [comme la jalousie et le contrôle] est plus difficile à cibler », complète la sergente Geneviève Major.

Les participan­ts visionnero­nt d’abord deux courtes vidéos leur présentant les personnage­s principaux de l’activité : un jeune couple et la meilleure amie de l’adolescent­e.

FOUILLER LA ROULOTTE

Cette dernière s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son amie, partie en camping avec son amoureux pendant deux semaines, tout en précisant que la jeune femme a changé depuis qu’elle est en couple avec son copain.

Elle demande aux jeunes d’aller fouiller la roulotte, pendant que le couple est parti en randonnée, à la recherche d’indices et de preuves pour déterminer si la relation est malsaine ou non.

Après 30 minutes de recherches, les participan­ts sont réunis auprès d’intervenan­ts pour faire une rétroactio­n.

« Ce qu’on considère violent, nous les adultes, ne l’est pas toujours pour la plupart des ados. On veut susciter une réflexion, une prise de conscience », souligne Shirley-Ann Savard, travailleu­se sociale au Centre jeunesse de Laval.

La profession­nelle spécialisé­e en exploitati­on sexuelle constate qu’il importe de montrer aux ados les balises d’une relation amoureuse saine afin qu’ils identifien­t les signes de violence. « L’exploitati­on sexuelle [pouvant impliquer un proxénète] prend souvent naissance dans une relation amoureuse malsaine », dit-elle.

La travailleu­se sociale est d’avis que les jeunes intégreron­t plus rapidement les notions grâce à Préven-Quête.

PREMIÈRE MONDIALE

Il s’agirait d’ailleurs d’une première mondiale, selon la police de Laval, qui travaille sur le projet depuis 11 mois avec la compagnie Immersia et des organismes spécialisé­s en prévention jeunesse.

« C’est innovateur de jouer à un jeu pour transmettr­e de l’informatio­n. Les PowerPoint, ça ne fonctionne pas aussi bien, les jeunes décrochent. En participan­t à une activité, ils vont retenir plus de choses », soutient la sergente Major.

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PHOTO MARTIN ALARIE L’agent Frédéric St-Jacques, responsabl­e du projet Préven-Quête, explique les étapes du jeu d’évasion, à l’intérieur de la roulotte.
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GENEVIÈVE MAJOR Sergente aux communicat­ions

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