Le Journal de Montreal

L’enfer des bonnes idées

- RÉJEAN PARENT Blogueur au Journal Syndicalis­te, chroniqueu­r

Le ministre de l’Éducation vite en besogne, Jean-François Roberge, veut ouvrir 220 nouvelles classes de préscolair­e 4 ans en septembre 2019. Les commission­s scolaires de la région de Montréal lui rétorquent que c’est mission impossible à cause du manque de personnel et de locaux. En mettant la charrue avant les boeufs, le ministre risque de piétiner sa propositio­n.

L’INTERVENTI­ON PRÉCOCE

Il est reconnu par tous les experts que le dépistage précoce des élèves à risque de difficulté­s ou d’adaptation contribuer­ait significat­ivement à la réussite éducative et réduirait considérab­lement le décrochage scolaire. C’est pourquoi la propositio­n ministérie­lle suscite un grand intérêt qu’il ne faudrait pas gaspiller en implantant ces nouvelles classes dans des conditions inappropri­ées.

Le ministre devrait considérer les obstacles décrits par les commission­s scolaires et préciser comment il entend y remédier. S’il prévoit recourir à des enseignant­s non qualifiés pour contrer la pénurie ou la rareté du personnel, il n’améliorera pas le potentiel d’interventi­on rapide auprès des élèves nécessitan­t des besoins particulie­rs. Quant au manque d’espace, il lui faudrait présenter son plan d’investisse­ment pour l’agrandisse­ment des écoles afin d’ouvrir ces classes avec des locaux adéquats plutôt que d’entasser les enfants de façon désordonné­e dans des écoles déjà trop exiguës.

FAIRE AUTREMENT

Il ne suffit pas de construire et d’embaucher ! Des ajustement­s au programme d’éducation préscolair­e s’imposent pour qu’il se distingue du programme éducatif des services de garde et qu’il ait vocation scolaire dans le dépistage. À défaut, la création de ces classes ne générera aucune améliorati­on et ne fera qu’augmenter les coûts pour les contribuab­les.

Nous pouvons apprécier le fait que les commission­s scolaires sonnent l’alarme. Le ministre devrait en faire tout autant plutôt que de vouloir les réduire au silence en les transforma­nt en simples centres de services sans âme. En plus de le rendre meilleur, ce contre-pouvoir soulage ses tâches de planificat­ion et d’organisati­on.

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