Le Journal de Montreal

Bombardier manque le train

Ottawa n’interviend­ra pas en faveur de Bombardier face à Siemens pour le contrat de VIA

- SYLVAIN LAROCQUE

Même si Siemens est actuelleme­nt en position de tête, Bombardier a encore une mince chance de décrocher le contrat d’un milliard de dollars pour le renouvelle­ment des trains de VIA Rail dans le corridor Québec-Windsor.

Après avoir analysé les offres de Bombardier, de Siemens et de l’Espagnole Talgo, la société d’État établie à Montréal a retenu celle de la multinatio­nale allemande, mais le contrat ne sera officielle­ment attribué que le mois prochain.

En vertu des règles de l’appel d’offres de VIA, Bombardier et Talgo auront l’occasion de se faire valoir une dernière fois avant l’octroi du contrat.

« Les soumission­naires ont toujours la possibilit­é de faire une offre finale (“best and final offer”) », note une source de l’industrie qui a requis l’anonymat.

Bombardier et Talgo pourraient ainsi en profiter pour « aiguiser leurs crayons » après avoir obtenu de meilleurs prix auprès de leurs fournisseu­rs.

MOINS CHER EN CALIFORNIE ?

Siemens compte assembler les 32 trains de VIA dans son usine de Sacramento, en Californie, alors que Bombardier propose de le faire dans ses installati­ons de La Pocatière, dans le Bas-Saint-Laurent.

La force du dollar américain défavorise Siemens, mais en revanche, le géant allemand pourrait bénéficier des économies d’échelle découlant du contrat de 371 M$ US obtenu l’an dernier aux États-Unis pour 137 voitures.

Hier à Ottawa, aucun membre du gouverneme­nt Trudeau ne s’est porté à la défense de Bombardier. Le ministre des Transports, Marc Garneau, a rappelé qu’à titre d’institutio­n fédérale, VIA Rail ne pouvait pas imposer d’exigence de contenu canadien aux soumission­naires.

Le premier ministre François Legault s’est insurgé contre la position d’Ottawa. Il a réclamé une exigence minimale de contenu canadien de 25 %.

« Ça n’a pas de bon sens que VIA Rail, avec un financemen­t fédéral, n’exige aucun contenu local sur la constructi­on des voitures du train qui roulera entre Québec et Windsor », a déclaré M. Legault.

BERTRAND PRÔNAIT L’ACHAT LOCAL

Présidente du conseil d’administra­tion de VIA Rail depuis 2017, Françoise Bertrand s’était félicitée en 2013 du choix du consortium Bombardier-Alstom pour la constructi­on des voitures du métro de Montréal.

Mme Bertrand se réjouissai­t alors « que l’expertise et les emplois [...] générés par ce contrat demeurent au Québec ».

Si Siemens obtient le contrat de VIA Rail, ce sera la quatrième fois que Bombardier échappe une commande importante au Québec et en Ontario depuis l’an dernier. Bombardier a notamment perdu le contrat du Réseau express métropolit­ain (REM) aux mains d’Alstom.

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PHOTO D’ARCHIVES, STÉPHANIE GENDRON Le PDG de VIA Rail, Yves Desjardins-Siciliano (à droite), en visite à l’usine de Bombardier à La Pocatière en avril.

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