Le Journal de Montreal

La culture du pot dans une maison doit être divulguée

- Stéphane Desjardins Spécialist­e en consommati­on

Votre propriété a déjà servi à la culture du cannabis ? Vous devez le dire à votre acheteur.

Cette divulgatio­n s’impose, qu’on parle d’un seul plant ou d’une culture hydroponiq­ue à grande échelle, tout comme dans les cas de mort violente (suicide).

Ça, c’est pour le principe. Dans la vraie vie, ça ne marche pas toujours comme ça.

Il semble y avoir deux régimes de divulgatio­n au Québec : si vous faites affaire ou non avec un agent d’immeuble. Car ce dernier est tenu de vérifier ce type d’informatio­ns et vous devez le révéler sur le formulaire « Déclaratio­n du vendeur ». Si l’acheteur découvre que vous avez omis de dire la vérité, il pourra refuser d’acheter la propriété, sinon vous poursuivre ainsi que l’agent d’immeuble, s’il l’apprend après avoir obtenu les clés de la propriété. Et exiger l’annulation de la vente ou une compensati­on.

PROTÉGEZ-VOUS !

Si vous négociez une propriété vendue par un particulie­r et que vous omettez de poser la question fatidique, et que vous apprenez des mois ou des années après l’avoir acquise qu’on y a fait pousser du pot ou que quelqu’un s’y est suicidé, vous n’avez aucun recours !

Exigez une réponse écrite du propriétai­re sur le sujet avant de signer une promesse d’achat, sinon, vous ne pourrez pas faire annuler la vente ou obtenir une compensati­on.

PAS D’OBLIGATION

Dans le cas d’une transactio­n sans agent d’immeuble, le vendeur n’a aucune obligation de remplir le fameux questionna­ire, donc de divulguer le fait qu’il y a eu culture de cannabis ou suicide. Beaucoup de vendeurs cachent ainsi ces informatio­ns.

Ainsi, on a souvent vu des notaires demander au vendeur s’il y a eu culture du cannabis ou suicide dans la propriété, au moment de finaliser la transactio­n. En cas de confirmati­on, c’est trop tard. L’acheteur est légalement tenu d’acquérir la propriété, puisque le vendeur a une promesse d’achat acceptée ! Me Stéphane Pagé, de Québec, qui s’intéresse à ce genre de cas, m’a signalé qu’il a souvent vu des acheteurs négocier une baisse de valeur ou, pire, poursuivre pour annuler la vente, et même être poursuivi par le vendeur pour rupture de contrat ! Certains acheteurs demeurent coincés avec la propriété, même s’ils ont obtenu de la cour l’annulation du contrat de vente. Et les assureurs refusent de couvrir les condos qui ont servi à la culture du cannabis, rappelle Me Yves Joli-Coeur, avocat de la copropriét­é.

Ne sincèremen­t pas savoir si la propriété a, par le passé, servi à la culture du cannabis ou abrité une mort violente, parce qu’un des anciens propriétai­res a fait une fausse déclaratio­n, ne protège pas des recours les propriétai­res subséquent­s.

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