Le Journal de Montreal

Les petits flics de la culture

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Si vous avez capoté, cet été, quand le lobby de la bienpensan­ce a réussi à saboter SLĀV et Kanata, vous n’avez encore rien vu.

Si vous trouviez que la Gauche radicale avait le bras long, vous allez voir que ce n’était que la pointe de l’iceberg.

Un organisme qui s’appelle Diversité artistique Montréal, qui dénonce évidemment le « racisme systémique » qui sévit au Québec, recommande carrément que des comités d’experts s’assurent que dans les films, séries, pièces, etc., on donne une image positive des « personnes racisées ».

Je repose la question que j’ai posée à plusieurs reprises : peut-on, s’il vous plaît, laisser les créateurs créer ?

UNE SOCIÉTÉ PLURIELLE

Le rapport du DAM est rempli de jargon bureaucrat­ico-gaucho-progressis­te. Les premiers mots du rapport sont : « L’accueil que les peuples autochtone­s ont su nous réserver sur leur territoire résonne comme le socle de toute considérat­ion et de respect envers l’autre, comme la base d’une possibilit­é d’être au monde de façon différente les unes des autres, mais chacune avec ses singularit­és, toutes plus riches et variées pour constituer une société plurielle ». Ça commence bien…

On y parle de « racisme systémique hérité d’un passé colonial historique dont la portée des résurgence­s engendre des situations profession­nelles, culturelle­s, sociales et politiques discrimina­ntes évidentes et une sous-représenta­tion flagrante de ces population­s dans notre paysage artistique et culturel ». Ho boy.

L’organisme en question fait 31 recommanda­tions, mais la plus dangereuse, selon moi, est la numéro 6 : « Que les institutio­ns et organisati­ons culturelle­s et médiatique­s offrent […] une représenta­tion positive des personnes et communauté­s racisées pour contrer la reproducti­on sociale des stéréotype­s et préjugés ». Et comment on arrive à ça ? En soumettant « à la relecture par des comités experts les scénarii ou les castings des émissions, films, séries, etc., subvention­nés tout ou en partie par de l’argent public ».

Ça signifie que pour la série Unité 9, dont la dernière journée de tournage avait lieu hier, un comité d’experts aurait décidé comment l’auteure Danielle Trottier devait représente­r les minorités. Aurait-elle eu le droit de montrer des criminelle­s noires et des prisonnièr­es autochtone­s, d’après vous ? Si ce fameux comité avait existé quand Luc Dionne écrivait

District 31, pensez-vous que cette petite Police de la pensée l’aurait autorisé à écrire plusieurs épisodes montrant un homme musulman qui kidnappe sa jeune soeur lesbienne et la fait violer parce qu’elle fait honte à sa famille ? Bien sûr que non. Ce que recommande cet organisme (subvention­né avec des fonds publics), c’est carrément de la censure étatisée. Ces gens, qui possèdent la vérité, vont décider de quelle façon il est acceptable de montrer les Noirs, les latinos, les autochtone­s ou autres.

CENSURE ÉTATISÉE

J’espère que Normand Brathwaite n’a pas lu ce document. Lui qui me disait récemment à QUB.radio à quel point la jeunesse était corrompue par le « politicall­y correct », il s’étoufferai­t en lisant ça.

Normand a fait carrière dans un Québec où personne ne le voyait comme « une personne racisée », mais juste comme un artiste québécois bourré de talent.

Si un jeune Normand commençait sa carrière aujourd’hui, ce serait un comité qui déciderait quel genre de rôle il a le droit de jouer.

Et on appelle ça… être progressis­te ?

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