La CAQ ferait fausse route sur le cannabis
Des experts en criminologie et en santé publique unissent leur voix pour exhorter le gouvernement Legault à écouter leurs avis et à ne pas toucher à la Loi sur le cannabis.
Le premier ministre François Legault a réitéré hier qu’il voulait hausser l’âge légal de la consommation du cannabis à 21 ans et interdire la substance dans tous les lieux publics.
Or, au moins neuf experts, certains faisant partie des directions de santé publique, croient que le gouvernement fait fausse route et publient aujourd’hui une lettre afin de démystifier certaines idées répandues au sein de la population et de la CAQ (voir notre site web).
« On comprend que l’opinion publique va dans le sens de la CAQ, mais il faut du courage et admettre que ce ne sont pas les meilleures mesures pour protéger la santé des jeunes, et ça va même à l’encontre de cette volonté », explique Émilie Dansereau-Trahan, porte-parole de l’Association de la santé publique du Québec.
Les experts croient que la hausse de l’âge à 21 ans ne protégera pas les jeunes.
« Ces jeunes seront privés d’accès aux produits contrôlés (exempts d’engrais toxiques), à des produits à faible teneur en THC, à des produits contenant du CBD (possiblement protecteur), aux activités de prévention et aux conseils de consommation à moindre risque dispensés, entre autres, par les employés formés de la SQDC », peut-on lire dans la lettre.
PIRE QUE L’ALCOOL ?
« Il y a un enjeu de cohérence, dit une autre signataire, Isabelle Samson, présidente de l’Association des spécialistes en médecine préventive du Québec (ASMPQ). Je crains qu’en mettant une limite à 21 ans, on vienne dire que le cannabis est pire que le tabac et l’alcool, qui sont disponibles à 18 ans. Mais ce n’est pas vrai ! Ça peut créer de la désinformation. »
La CAQ s’appuie notamment sur une donnée de l’Association des médecins psychiatres du Québec (AMPQ), voulant que la consommation de cannabis augmente les risques de psychoses de 40 %.
« Une psychose est grave, mais le risque, qui est de 1 à 3 % dans la population en général, passe de 1,4 à 4,2 % si tu consommes du cannabis », nuance Mme Dansereau-Trahan. « C’est très faible », ajoute Mme Samson. Le groupe d’experts organisera aussi l’envoi de lettres de citoyens à Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé, responsable du dossier cannabis, afin de lui demander de faire marche arrière.