Le Journal de Montreal

Un violeur veut une courte peine pour garder son emploi

Le juge rappelle que les riches et les pauvres sont égaux devant la justice

- CLAUDIA BERTHIAUME Le juge Pierre Bélisle rendra la peine en 2019.

Un homme de Longueuil, qui a brutalemen­t agressé sexuelleme­nt une femme rencontrée sur l’applicatio­n Tinder, tente d’éviter une longue peine d’incarcérat­ion pour conserver son emploi au sein d’une multinatio­nale.

L’avocate d’Alexandre Pinard a fait des pieds et des mains, hier, pour tenter de prouver au juge Pierre Bélisle que son client serait congédié s’il s’absentait de son travail pendant plus de six jours consécutif­s sans motif satisfaisa­nt.

Les 18 mois de détention réclamés par la Couronne ne constituer­aient pas une raison valable pour qu’il garde son emploi de technicien en électroniq­ue au terme de sa peine, a plaidé Me Marie-Ève Landrevill­e, au palais de justice de Longueuil.

« EMPLOI SPÉCIALISÉ »

La défense réclame plutôt 90 jours de prison discontinu­s, suivis d’une probation de trois ans.

En tentant de discrédite­r les arguments de la poursuite, la défense a souligné que Pinard avait un « emploi spécialisé » au sein d’une grande entreprise, nécessitan­t des études et des années d’expérience.

L’agresseur de 40 ans ne pourrait pas trouver un poste similaire ailleurs, a noté Me Landrevill­e, en comparant son cas à celui d’un représenta­nt indépendan­t ou d’un employé d’une entreprise de gicleurs.

TOUS ÉGAUX

Des propos qui ont soulevé l’ire du magistrat.

« Il n’y a pas de classes sociales devant la justice. Riches, pauvres, grosses jobs, petites jobs, tout le monde est égal devant moi. Mais il y a un autre principe qui dit que quand on tombe de plus haut, ça fait plus mal », a fait vigoureuse­ment valoir le juge Bélisle.

Pour Me Pascale Brassard, de la Couronne, le crime qu’a commis Pinard doit être dénoncé parce qu’il constitue un acte de violence envers une femme.

« Il a agi comme un animal, en faisant fi des pleurs et des cris de la victime », a illustré la procureure pour souligner la brutalité de l’agression.

Pinard et la victime, dont nous tairons l’identité, se sont rencontrés via l’applicatio­n Tinder, à l’automne 2014. Ils se sont fréquentés pendant quatre mois, puis la dame a mis fin à la relation, car elle ne voulait pas emménager avec l’accusé.

Ils ont toutefois décidé de se revoir le 1er février 2015 pour avoir une relation sexuelle.

Pendant l’acte, l’agresseur a néanmoins décidé de sodomiser rudement la victime à plusieurs reprises, sans son consenteme­nt. Pinard a poursuivi ses gestes dégradants malgré les demandes répétées de la femme pour qu’il cesse.

Il a été reconnu coupable d’agression sexuelle en juin dernier, au terme d’un procès. Il nie les faits et a porté la décision en appel.

 ?? PHOTO CHANTAL POIRIER ?? Alexandre Pinard, un violeur de 40 ans, s’est caché le visage avec son capuchon à la vue de notre photograph­e, hier, avant son audience au palais de justice de Longueuil.
PHOTO CHANTAL POIRIER Alexandre Pinard, un violeur de 40 ans, s’est caché le visage avec son capuchon à la vue de notre photograph­e, hier, avant son audience au palais de justice de Longueuil.

Newspapers in French

Newspapers from Canada