Un violeur veut une courte peine pour garder son emploi
Le juge rappelle que les riches et les pauvres sont égaux devant la justice
Un homme de Longueuil, qui a brutalement agressé sexuellement une femme rencontrée sur l’application Tinder, tente d’éviter une longue peine d’incarcération pour conserver son emploi au sein d’une multinationale.
L’avocate d’Alexandre Pinard a fait des pieds et des mains, hier, pour tenter de prouver au juge Pierre Bélisle que son client serait congédié s’il s’absentait de son travail pendant plus de six jours consécutifs sans motif satisfaisant.
Les 18 mois de détention réclamés par la Couronne ne constitueraient pas une raison valable pour qu’il garde son emploi de technicien en électronique au terme de sa peine, a plaidé Me Marie-Ève Landreville, au palais de justice de Longueuil.
« EMPLOI SPÉCIALISÉ »
La défense réclame plutôt 90 jours de prison discontinus, suivis d’une probation de trois ans.
En tentant de discréditer les arguments de la poursuite, la défense a souligné que Pinard avait un « emploi spécialisé » au sein d’une grande entreprise, nécessitant des études et des années d’expérience.
L’agresseur de 40 ans ne pourrait pas trouver un poste similaire ailleurs, a noté Me Landreville, en comparant son cas à celui d’un représentant indépendant ou d’un employé d’une entreprise de gicleurs.
TOUS ÉGAUX
Des propos qui ont soulevé l’ire du magistrat.
« Il n’y a pas de classes sociales devant la justice. Riches, pauvres, grosses jobs, petites jobs, tout le monde est égal devant moi. Mais il y a un autre principe qui dit que quand on tombe de plus haut, ça fait plus mal », a fait vigoureusement valoir le juge Bélisle.
Pour Me Pascale Brassard, de la Couronne, le crime qu’a commis Pinard doit être dénoncé parce qu’il constitue un acte de violence envers une femme.
« Il a agi comme un animal, en faisant fi des pleurs et des cris de la victime », a illustré la procureure pour souligner la brutalité de l’agression.
Pinard et la victime, dont nous tairons l’identité, se sont rencontrés via l’application Tinder, à l’automne 2014. Ils se sont fréquentés pendant quatre mois, puis la dame a mis fin à la relation, car elle ne voulait pas emménager avec l’accusé.
Ils ont toutefois décidé de se revoir le 1er février 2015 pour avoir une relation sexuelle.
Pendant l’acte, l’agresseur a néanmoins décidé de sodomiser rudement la victime à plusieurs reprises, sans son consentement. Pinard a poursuivi ses gestes dégradants malgré les demandes répétées de la femme pour qu’il cesse.
Il a été reconnu coupable d’agression sexuelle en juin dernier, au terme d’un procès. Il nie les faits et a porté la décision en appel.