Un gamin qui s’assume
L’humoriste lançait, hier soir, son nouveau spectacle : Je m’en occupe
Je m’en occupe ,clamePhilippeLaprisedans le titre de son troisième spectacle solo, lequel passait par le Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, à Montréal, hier.
L’humoriste s’occupe effectivement d’enchaîner les anecdotes légères et sans conséquence avec une immaturité avouée, assumée et très appréciée de ses admirateurs.
Laprise entre sur scène en se trémoussant au son de Corinne, des Trois Accords, et blague sur la réussite de son « moment Révolution ». Instantanément, on reconnaît le Philippe Laprise qui a gagné le coeur du public, l’éternel gamin qui ne ménage aucune folie pour séduire.
On ne collera pas d’étoile dans son cahier pour le choix des sujets abordés dans Je m’en occupe, déjà abondamment explorés, à l’endroit comme à l’envers : le poil (« J’avais une peau de bébé et, à un moment donné, je suis devenu un kiwi »), le couple (quand les papillons des débuts deviennent avec le temps de l’intolérance au gluten), les animaux de compagnie, les enfants, l’adolescence (« Elle a un syndrome de l’opposition, j’ai un bâton de baseball »).
L’AMOUR AU TEMPS DU IPHONE
Ceci dit, compte tenu du puissant talent de conteur de l’artiste, son ton beaucoup plus bon enfant que vulgaire ou réellement grivois, sa personnalité attachante et la complicité qu’il sait tisser avec son parterre, on lui pardonne bien des faiblesses.
Comme ce trop long épisode de magasinage de tondeuse de nez, pas mauvais au départ, mais qui n’en finit plus. Ou comme ces fréquents décrochages de notre hôte de son texte, parce qu’il interagit trop souvent avec les spectateurs, ce qui peut devenir lassant pour les gens assis à l’arrière, peu concernés par les échanges improvisés.
Orateur de talent, Philippe Laprise sait apporter sa touche personnelle à ses monologues en apparence banals pour les dynamiser. C’est le cas lorsqu’il parle de la complexité de porter des bobettes en vélo, de sa marmaille qui se traite de « caca emoji », de sa grande fille de 16 ans qui lui reproche constamment de ne rien comprendre, de la difficulté de son couple de renouer avec la spontanéité des débuts quand le plancher du salon est jonché de Legos (« On a déjà perdu Batman… »).
Son récit de la séparation d’un couple d’amis et l’introduction de nouveaux conjoints au sein du cercle amical est excellent, avec un savoureux clin d’oeil à la nouvelle copine qui l’a jadis admiré dans Vrak la vie, et donne lieu à une métaphore bien de son époque, comparant les changements d’amoureux aux iPhone.
« Après quelques semaines, on se rend compte qu’il a autant de “bugs” que l’ancienne version. Mais c’est sûr qu’il est plus mince… »