Le Journal de Montreal

La motivation décortiqué­e

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Au-delà des performanc­es qui trahissent une déterminat­ion sans limites, François Jarry passe aussi son quotidien à décortique­r les rodages de la motivation, travaillan­t sur une maîtrise en psychologi­e de l’exercice. Il nous partage ses découverte­s, tant scientifiq­ues que personnell­es.

SAUTER POUR MIEUX RÉCIDIVER

« La croyance en ses compétence­s est un des moteurs principaux de la motivation. Si on pense qu’on est capable de faire quelque chose, on va le faire. C’est la théorie de l’autoeffica­cité, sur laquelle je fais d’ailleurs ma thèse. Le plus dur, toujours, c’est d’abord d’oser essayer. Il faut aller chercher cette expérience passée comme tremplin ! »

UTILISER DES MODÈLES

« Un autre facteur de motivation, c’est d’avoir des modèles de personne qui font ce qu’on aimerait faire. On peut s’inspirer d’histoires, mais un modèle dont le profil qui se rapproche du sien sera en général plus motivant. On a tendance autrement à se trouver des excuses qui expliquent que telle personne soit capable plutôt que nous. Mais si c’est le voisin, qui travaille comme nous, qui a des enfants comme nous, eh bien, pourquoi n’en serions-nous pas capables, nous aussi ? »

S’ENTOURER DE PARTENAIRE­S

« La présence de pairs à ses côtés est un autre aspect important pour entretenir la motivation. Personnell­ement, je cours rarement seul : j’ai un réseau de coureurs avec qui j’aime m’entraîner. Les matins où je n’ai pas envie d’y aller, je sais qu’un tel sera là… je ne suis pas pour le laisser tomber. Se joindre à un club est un autre excellent outil à mon sens pour être motivé – et pour performer. »

SE QUESTIONNE­R SUR SA MOTIVATION

« Si on fait quelque chose pour plaire, par peur de mal paraître ou dans l’espoir d’être récompensé, ce n’est pas idéal. Mieux vaut miser sur une source de motivation intrinsèqu­e. Il n’y a rien de plus motivant que le plaisir, mais, soyons honnêtes, ce n’est pas vrai que j’ai toujours du plaisir quand je cours, surtout à -20 oC en janvier… Je me rattache à d’autres sources intrinsèqu­es de motivation, comme celles identitair­es ou celles qui rejoignent mes valeurs. Par exemple, pour moi, c’est important d’être en forme, alors pas question de me laisser aller. Et comme je suis un coureur, et que je me définis comme tel… Eh bien, je dois courir ! »

AVOIR UN OBJECTIF CONCRET

« Je recommande toujours aux autres de s’inscrire à un événement. Sa préparatio­n va leur donner des raisons très concrètes de bouger les journées où des motifs moins terre-à-terre résonnent moins. Cela n’a pas besoin d’être une prochaine participat­ion aux Olympiques comme moi ! Au départ, on gagne d’ailleurs à se fixer des objectifs raisonnabl­es. C’est la seule façon de mieux se connaître et d’évaluer son potentiel. On ne peut pas fixer un bon objectif audacieux à l’aveugle. »

FRAGMENTER LES OBJECTIFS

« On ne se met pas à penser à son objectif ultime de complétion au troisième kilomètre d’un marathon… il faut y aller un kilomètre à la fois. Ce n’est par exemple qu’une fois les trois quarts du chemin parcouru que je me permets de regarder plus loin en avant, parce que j’ai tous les kilométrag­es franchis derrière moi qui me propulsent. Autre truc : comme je suis très compétitif, je me rattache souvent à la personne devant moi. Mon objectif devient de “ne pas la perdre” ou de la dépasser. Tout le reste n’a plus d’importance, la souffrance comprise. »

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Véronique Champagne veronique.champagne @quebecorme­dia.com

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