Le Journal de Montreal

DES EXEMPLES DE PLAINTES TRAITÉES PAR LE COMMISSAIR­E

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INCOMPRISE À L’HÔPITAL

La plaignante a eu une réaction à un médicament et a dû être transporté­e d’urgence à l’Hôpital général de Kingston. Les ambulancie­rs parlent français, mais rendus à l’urgence, ça se corse. Cette infirmière retraitée présente des signes similaires à ceux d’un ACV. Elle comprenait ce que les infirmière­s lui disaient en anglais, mais n’arrivait pas à parler dans cette langue. Une des infirmière­s l’aurait ridiculisé­e en lui disant : « I know you can speak in English. We speak English here ». On l’aurait ensuite transférée de l’urgence au départemen­t de psychiatri­e. Motif : agressivit­é, hystérie et non-conformité, parce qu’elle ne parlait que le français.

PLACÉE DANS UNE RÉSIDENCE ANGLOPHONE À 97 ANS

Dans le nord de l’Ontario, une dame prend soin au quotidien de sa belle-mère de 97 ans. Elle fait des démarches pour obtenir des services et des soins de base à domicile. Malgré les suivis, on envoie à plusieurs reprises du personnel anglophone. Selon la plaignante, la direction aurait même dit à son employé de ne pas s’en faire. Si la dame ne parle pas anglais, il n’a qu’à faire des charades avec elle ! On lui a offert une place dans un foyer francophon­e, mais à l’extérieur de la ville. Entre-temps, la dame de 97 ans s’est fracturé une hanche. Elle s’est retrouvée dans une résidence où on ne parle qu’anglais.

MÊME LES AVOCATS

Alors qu’on s’inquiète souvent de l’accès à la justice en français, même les avocats rencontren­t des embûches. « J’avais deux examens à passer pour être admis au Barreau. On m’a envoyé de la documentat­ion en français. Sauf que les documents étaient truffés d’erreurs de traduction et de grammaire. Ils étaient de mauvaise qualité. Lors de mes examens [en français], certaines questions étaient difficiles à comprendre pour les mêmes raisons. On dirait que cet organisme qui promeut les droits bâcle les droits. On dirait que, pour eux, les vraies affaires se passent en anglais. Ils se disent que nous finirons bien par aller lire la version anglaise pour comprendre. »

ACCÈS DIFFICILE À L’ÉCOLE FRANÇAISE

Comme des centaines d’adolescent­es de Toronto, les trois filles de Lianne ont eu à choisir entre conserver leur langue maternelle et poursuivre leurs études à une distance raisonnabl­e de leur maison. Son aînée a fait son secondaire en français, mais elle a eu à traverser la ville de Toronto matin et soir pour se rendre à son école dépourvue de cafétéria et de cour de récréation. « Une école où, véritablem­ent, les anglophone­s n’étudieraie­nt pas », selon elle. La plus jeune a choisi l’école de langue anglaise du quartier, dotée de bien meilleures installati­ons. Elle « a honte » de parler le français, soutient sa mère. « Ça me brise le coeur. »

DESCENTE AUX ENFERS D’UNE MÈRE DE FAMILLE

Julie découvre que son mari agresse sexuelleme­nt son fils. À la Société de l’aide à l’enfance (la DPJ ontarienne), on la met en contact avec une employée dont le français est incompréhe­nsible. Elle se tourne aussi vers la police. Là encore, les employés chargés de s’occuper d’elle et de son fils ne parlent qu’anglais, malgré ses demandes. « Finalement, le jour de l’audience en cour arrive. L’avocat de l’aide à l’enfance ne parle que l’anglais. La travailleu­se sociale aussi. Au moins, le juge parle français. Comme on me le recommande, je me trouve une avocate bilingue. Ce sera plus facile de procéder en anglais, selon elle. J’abdique et je choisis mes batailles : celle d’assurer la sécurité de mon fils, et non celle de ma langue ».

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