Son cerveau « sur pause » pour aider les médecins à travailler
QUÉBEC | Le coma artificiel dans lequel a été plongé Adonis Stevenson n’est pas synonyme de pire scénario, expliquent des spécialistes, puisqu’il vise avant tout à « protéger le cerveau » et à laisser les médecins travailler plus facilement.
« C’est comme si on le met sur “pause” », explique Katia Sirois, neuropsychologue et enseignante à l’Université Laval.
Cette torpeur forcée permet de « ralentir les signes vitaux » du patient, de façon à faciliter l’intervention des médecins, précise le thérapeute du sport spécialisé en commotion cérébrale et fondateur de la clinique Cortex, Philippe Fait.
« Quand ils font ça, c’est souvent pour ouvrir la boîte crânienne » et ainsi diminuer la pression sur le cerveau, poursuit M. Fait. Cette intervention vise à réduire le risque de dommages permanents, ajoute-t-il.
« C’est un peu comme quelqu’un qui fait un AVC. Certains s’en sortent sans séquelle, d’autres sont paralysés, et certains en meurent », illustre-t-il.
DUR SOUVENIR
Cet inquiétant dénouement au combat de championnat du monde de Stevenson n’est pas sans rappeler la mort tragique du boxeur québécois David Whittom (voir page 76), qui est décédé en mars dernier, pointe Jean Doré, le médecin du défunt pugiliste.
« À ce moment-ci, on peut faire certains liens […] On va espérer que, pour Adonis Stevenson, la suite des choses sera beaucoup mieux », laisse tomber M. Doré, qui était au Centre Vidéotron samedi soir.
« TOUTE UNE ACCUMULATION »
Adonis Stevenson a commencé sa carrière professionnelle il y a 12 ans, en plus des quelques années chez les amateurs. Ses nombreux combats passés pourraient malheureusement venir le hanter.
« À 41 ans, à 400 coups par combats, c’est toute une accumulation de coups de poing qu’il a reçus pendant sa carrière, affirme le neuropsychologue clinicien Louis de Beaumont. Lorsqu’on regarde l’état d’Adonis, les chances qu’il s’en sorte de façon totalement indemne sont relativement minces. »
Les prochaines heures seront cruciales pour l’ex-champion du monde, croit la neuropsychologue Katia Sirois. « Généralement, les médecins vont retirer tranquillement la médication qui provoque le coma pour constater quels sont les dommages », explique-t-elle.