Dans le trou à cause de son stationnement
Le CUSM perd 9 millions $ par année parce que l’achalandage est trop bas
Le stationnement du CUSM, qui devait servir à rembourser un prêt de 266 millions $, génère plutôt un déficit d’environ 9 millions $ par année parce que l’achalandage a été largement surestimé, a appris Le Journal.
Inauguré à l’ouverture du mégahôpital en 2015, le stationnement souterrain des visiteurs a attiré en moyenne 1568 véhicules par jour, en 2017-2018.
ÉCART DE 84 %
Or, pour être rentable, l’achalandage devrait générer 1312 véhicules de plus par jour, pour un total de 2880, calcule la direction du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Il s’agit d’un écart de +84 %.
Chaque jour, la direction vise que chacune des 1634 places du stationnement soit utilisée 1,76 fois.
« Les revenus de stationnement ne sont pas assez élevés », constate Dawn Singerman, la nouvelle directrice des ressources financières du CUSM.
Visiblement, les patients choisissent des alternatives à la voiture (taxi, métro, autobus). Chaque année, le déficit est d’environ 9 M$.
D’ailleurs, le CUSM a encore enregistré le pire déficit des établissements de santé au Québec l’an dernier, à 25,5 M$ (voir autre texte).
UN PRÊT DE 266 M$
Bien que l’hôpital a été construit en partenariat public-privé, le stationnement a été financé par le CUSM via un prêt privé de 266 M$, jusqu’en 2043. Certains équipements de l’hôpital ont aussi été payés avec cet argent.
Pour rembourser le prêt, le CUSM comptait sur les revenus annuels du stationnement.
En 2012, une firme de consultation avait analysé la rentabilité. Mais le modèle de financement a été surévalué tant au niveau du volume que du tarif payé par voiture.
« Chaque année, on doit générer assez de revenus de stationnements pour couvrir les frais d’intérêt et l’amortissement […]. À ce jour, on n’a pas assez de revenus pour couvrir le coût total », explique Mme Singerman.
Devant ce constat, le CUSM dit être en discussions avec le ministère de la Santé et une firme spécialisée dans le stationnement pour améliorer le revenu.
MOINS CHER ENCORE ?
Par ailleurs, le gouvernement de la Coalition avenir Québec a promis en campagne électorale de plafonner les tarifs des hôpitaux à 10 $ par jour. Au CUSM, on espère que la mesure aidera à hausser l’achalandage.
« On ne sait pas ce que ça va faire au volume. […] On sait que c’est un problème et on regarde », dit Mme Singerman. Actuellement, le tarif est de 24 $ par jour.