L’immigrante « parfaite » veut toujours revenir au Canada
Les raisons de l’expulsion de la famille Lawrence demeurent inconnues un an plus tard
Un an après son départ crève-coeur, l’immigrante « parfaite » Leony Lawrence Pavithra ignore toujours les raisons de son expulsion et espère encore pouvoir revenir au Canada, la vie au Sri Lanka étant de plus en plus maussade pour elle et sa famille.
« Ça commence à devenir déprimant, avoue la jeune femme de 22 ans lors d’une entrevue téléphonique. J’espère vraiment pouvoir revenir. »
« Ce n’est pas très sécuritaire ici, alors on reste à la maison, abonde sa jeune soeur Dharusha, 18 ans. Tout ce qu’on fait, c’est dormir et attendre. »
« La seule chose qui nous remonte le moral, c’est de s’occuper du bébé », dit-elle à propos de sa nièce Leanna Aarohi, aujourd’hui âgée d’un an et demi.
Il y a un an, l’expulsion de Leony Pavithra Lawrence et de sa famille avait été très médiatisée. Étudiante acharnée qui rêve de devenir médecin, elle avait reçu un prix de la Commission scolaire de Montréal pour sa persévérance scolaire.
MYSTÈRE
Des politiciens et dirigeants d’écoles s’étaient mobilisés pour aider la famille, déplorant le fait que leur demande d’asile ait été refusée.
Le Journal a tenté à plusieurs reprises de connaître les raisons de leur expulsion, en vain. Une demande d’accès pour obtenir toutes les correspondances d’Immigration Canada les concernant a même été envoyée en mars dernier. La réponse se fait toujours attendre.
Depuis, le Sri Lanka a eu le temps de replonger dans une nouvelle crise politique. Marqué par des décennies de guerre civile, ce pays d’Asie du Sud vit depuis un mois avec un parlement instable qui n’a pas été reconnu par la communauté internationale.
INCOMPRÉHENSION
Le premier ministre Trudeau avait dit en janvier qu’il étudiait la possibilité de permettre à Leony Pavithra de revenir comme étudiante, puisqu’elle avait déjà un permis d’étude pour le cégep.
Or, les démarches des Lawrence pour obtenir un visa ont toutes échoué jusqu’à maintenant, y compris pour Leony. La famille tentera de revenir au Canada, mais cette fois comme travailleurs, leur certificat de sélection du Québec étant toujours valide. « Leur départ était une injustice, alors voyons voir comment on peut corriger ça », dit Louis Ladouceur, copropriétaire de l’Hôtel Bonaparte à Montréal, ancien employeur de Leon Lawrence, le frère de Leony.
M. Ladouceur essaie d’aider la famille dans ses démarches de retour. « Ce n’est pas de leur faute s’ils ont dû quitter, c’est la faute de mon gouvernement », résume-t-il.
Il est allé visiter le Sri Lanka cet automne et en a profité pour voir Leon et Leony, qui ont fait huit heures d’autobus pour le retrouver. « Qu’on ait retourné ces gens là [au Sri Lanka], je n’ai vraiment pas compris. »
Leur situation est d’autant plus absurde que la petite Leanna Aarohi est née à Montréal. Ses parents doivent régulièrement aller chercher un visa dans la capitale de Colombo… pour leur fillette citoyenne canadienne. « C’est ridicule », soupire M. Ladouceur.