Le Journal de Montreal

Les élèves démunis de l’île perdraient des services

La réforme de la taxe scolaire ferait perdre des millions de $ qui leur sont dédiés

- DOMINIQUE SCALI

Des enfants qui n’ont pas de collation ou d’habit de neige risquent de perdre les services « essentiels » dédiés aux élèves les plus démunis de la métropole en raison de la réforme de la taxe scolaire, s’inquiètent des écoles.

« C’est effrayant de penser qu’on peut perdre tout cela. On commençait enfin à sortir la tête de l’eau », dit Marie Péloquin, directrice de Barthélémy-Vimont, une des plus grosses écoles primaires de la Commission scolaire de Montréal.

Pour la première fois cette année, les orthophoni­stes ont réussi à placer dans leur horaire tous les jeunes avec des difficulté­s graves de langage.

Et aux rencontres de bulletin, les parents ont semblé plus « apaisés » que d’habitude.

Comment expliquer cet « excellent » début d’année ? Notamment par les ressources ajoutées grâce à une enveloppe spéciale pour les écoles montréalai­ses défavorisé­es, qui lui donne droit à 477 000 $ pour ses 1000 élèves.

Car si elle devait se contenter des sous versés par le ministère de l’Éducation, ce serait nettement insuffisan­t, dit Mme Péloquin.

REVENUS DE PLACEMENT

Chaque année, le Comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal (CGTSIM) place en banque les sommes facturées aux propriétai­res pendant plusieurs mois. Les intérêts générés permettent de recueillir des millions de dollars qui sont ensuite redistribu­és aux commission­s scolaires (voir encadré).

Or, le gouverneme­nt Legault veut ramener la taxe scolaire à un taux unique partout au Québec, ce qui pourrait faire perdre quelque 3 M$ au CGTSIM rien qu’en revenus de placement.

Inquiètes, les commission­s scolaires de l’île demandent donc que cette perte soit compensée.

« Sinon, ce sont nos élèves vulnérable­s qui vont en payer le prix », dit Miville Boudreault, président de la Commission scolaire de la Pointe-de-l’île (CSPI).

À la CSPI, une partie de ces sous sert à payer des collations comme du fromage et des bananes à la moitié des élèves du primaire.

MOINS DE VIOLENCE

Mais un peu partout, la part du lion sert à ajouter des psychoéduc­ateurs, orthophoni­stes et autres ressources. Grâce à cela, les profession­nels de Barthélémy-Vimont ont le temps d’aller en classe pour montrer aux élèves comment régler les conflits.

Aussi, un enseignant d’éducation physique est libéré pour organiser des jeux sur l’heure du dîner et impliquer des élèves parfois agités qui deviennent eux-mêmes des animateurs de basketball ou de soccer.

« Il y a moins de violence dans la cour d’école de la part des petits », remarque la psychoéduc­atrice Elizabeth Dupras. « Sans cela, on fait juste sévir et éteindre des feux. »

Toutes ces petites interventi­ons font en sorte que les élèves aiment leur expérience à l’école et leur évitent d’accumuler les retards, voire de se retrouver en classe spéciale un jour, explique-t-elle.

Avec le risque de perdre ces ressources, ce sont donc les enfants qui sont « pris en otage », craint-elle.

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN « On a besoin de ces [profession­nels]-là », dit Céline Benoît, qui enseigne à l’école Barthélémy-Vimont, dans Parc-Extension.

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