Toujours des infractions à la pelle
Les quotas de contraventions ont peut-être été abolis, mais les policiers montréalais sont aussi occupés
AGENCE QMI | Un excès de vitesse à toutes les 90 secondes dans une zone scolaire. C’est ce que j’ai observé lors d’une patrouille policière à Montréal, durant laquelle j’ai aussi noté des dizaines d’autres infractions...
Même si les quotas de contraventions ont été abolis, les policiers ne manquent visiblement pas d’occasions de renflouer les coffres de la Ville en distribuant des tickets.
C’était un secret de polichinelle, mais un système de quotas pour l’émission de constats d’infraction a longtemps régné au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Les agents devaient donner entre 16 et 18 contraventions par jour, jusqu’à ce que l’administration Plante y mette fin en janvier dernier. On ne saura qu’au printemps prochain si ce geste va réellement affecter le nombre d’amendes données aux automobilistes (en moyenne 1,7 million par année).
D’ici là, j’ai accompagné des policiers de la section sécurité routière sur le terrain pour voir s’ils ont gardé leurs vieux réflexes ou si les automobilistes sont simplement une gang de délinquants.
Et franchement, les automobilistes ne se sont pas aidés en récoltant des infractions à la pelle en si peu de temps (voir encadrés).
DES EXCUSES
« Les gens ont toujours une excuse pour se justifier, et ils veulent toujours qu’on leur laisse une chance », m’explique l’agente Nathalie Valois. Elle énumère les excuses les plus souvent entendues par les policiers : — Je l’avais pas vu ! — C’est la première fois que je fais ça (mouais...). — Vous étiez cachés, c’est une trappe ! — J’ai pas tué personne. — Vous avez rien d’autre à faire ? Il y a des vrais criminels (un classique).
L’agente Valois ajoute que depuis la fin des quotas, le SPVM a revu sa « stratégie » et les agents dédiés à la circulation concentrent leurs interventions dans les zones où l’on note le plus de collisions. Autrement dit, au lieu d’être à la chasse aux amendes, la police affirme être à la chasse aux délinquants.
Si c’est vrai, tant mieux.
NORME SOCIALE
Mais revenons à la base, pourquoi les gens ne sont pas foutus de juste respecter les règles de la route ?
C’est simple, ils cèdent à la pression du quotidien ou à la norme sociale, m’explique Marie Claude Ouimet, professeure à la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke.
Ce que Mme Ouimet entend par norme sociale, c’est cette pensée populaire que les policiers nous arrêtent seulement pour faire entrer de l’argent dans les coffres de l’État, et non pour sanctionner des comportements qui mettent notre vie ou celle des autres en péril.
« En pensant ainsi, les gens ne se remettent pas en question et ne changent pas leurs comportements », m’explique celle qui dirige le Réseau de recherche en sécurité routière du Québec.
BON...
Je ne vais pas finir ce texte en disant que tous les policiers nous sanctionnent pour notre bien, mais il faudra peut-être apprendre à se regarder le nombril un peu si on veut réduire le nombre d’accidents… et le nombre d’amendes !