Le Journal de Montreal

Un ancien fournisseu­r de GM vole de ses propres ailes

Aujourd’hui, il exporte ses pièces dans une trentaine de pays, dont le Qatar

- FRANCIS HALIN

Un ex-fournisseu­r québécois de General Motors (GM) a choisi de voler de ses propres ailes en lançant sa PME d’ailerons pour ne plus dépendre du géant après la fermeture de son usine de Boisbriand en 2002.

« Ce n’est plus eux qui contrôlent les employés que l’on a, les payes ou les ventes, mais ils fournissen­t quand même le véhicule. S’ils ne faisaient pas la Corvette, je ne pourrais pas faire leurs pièces non plus », partage le propriétai­re de ACS Composite, Joseph Taverna.

Quand l’usine de Boisbriand a fermé ses portes, il y a 16 ans, Joseph Taverna et Kevin Cuthbert ont continué de fournir des pièces au constructe­ur américain un moment, puis ils ont vite décidé de mener leur propre affaire pour goûter à une nouvelle forme de liberté.

« On voulait avoir un meilleur contrôle sur le marché de plus en plus compétitif avec les pièces importées du Mexique ou de la Chine, alors on a misé sur la conception et la qualité plutôt que le prix », raconte l’ingénieur mécanique, passionné de voitures modifiées.

Pour s’affranchir du constructe­ur américain, il fonde sa PME à Lachine en 2003. Et les affaires décollent immédiatem­ent. Partout sur la planète, les propriétai­res de Corvette, Camaro ou Cadillac s’arrachent ses pièces.

DOULOUREUX SOUVENIRS

Quand Joseph Taverna a appris la fermeture de l’usine de GM d’Oshawa, la semaine dernière, il a tout de suite eu une pensée pour ses amis qui travaillen­t là-bas.

Il s’est souvenu du choc provoqué par la fermeture de l’usine de Boisbriand.

Joseph Taverna voit encore défiler dans sa tête les images des dernières voitures sortant de l’usine de voitures québécoise.

« Ça nous a rappelé une histoire très grise », raconte-t-il.

Mais même s’il admet qu’il a bien aimé être le fournisseu­r de GM en raison « du haut volume », il préfère de loin gérer sa propre affaire.

« Ce que l’on a aujourd’hui, c’est plus stable. On a une marque. Avant, on était toujours derrière le rideau de GM. C’était toujours eux qui faisaient le marketing et la distributi­on », se souvient-il.

FAIT AU QUÉBEC

Aujourd’hui, sa PME d’une douzaine d’employés de Lachine exporte ses pièces et ses ailerons spécialisé­s partout dans le monde, des États-Unis en passant par le Qatar.

« On fait la conception ici même à Montréal. On fait la fabricatio­n, la peinture et la distributi­on ici. Tout est fait sous le même toit. On a nos ingénieurs et technicien­s », dit-il.

Sa « qualité québécoise » est devenue sa signature.

Ses pièces haut de gamme sont vendues directemen­t aux clients en ligne et à l’aide de son réseau de 500 revendeurs.

Non seulement M.Taverna n’a plus besoin de GM pour brasser des affaires, mais il se dit fier d’avoir créé de nouveaux emplois dans sa cour.

« On a une douzaine d’employés. On a aussi des fournisseu­rs, donc ça donne du travail à une autre quarantain­e de personnes », conclut l’homme d’affaires, qui ne reviendrai­t pas en arrière.

« ON FAIT LA CONCEPTION ICI MÊME À MONTRÉAL. ON FAIT LA FABRICATIO­N, LA PEINTURE ET LA DISTRIBUTI­ON ICI. TOUT EST FAIT SOUS LE MÊME TOIT. » – John Taverna, propriétai­re d’ACS Composite

 ?? PHOTO PIERRE-PAUL POULIN ?? « On parle toujours des grosses entreprise­s [...] alors que ce sont les petites qui font la différence », croit Joseph Taverna (à gauche), de chez ACS Composite. On le voit ici avec son collaborat­eur Kevin Cuthbert à leur atelier de Lachine, mercredi dernier.
PHOTO PIERRE-PAUL POULIN « On parle toujours des grosses entreprise­s [...] alors que ce sont les petites qui font la différence », croit Joseph Taverna (à gauche), de chez ACS Composite. On le voit ici avec son collaborat­eur Kevin Cuthbert à leur atelier de Lachine, mercredi dernier.

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