Le Journal de Montreal

Comment léguer un immeuble sans trop payer d’impôt

- GHISLAIN LAROCHELLE Profession­nel en immobilier

Plusieurs personnes qui choisissen­t de léguer un immeuble à revenus de leur vivant font face à la question suivante : estil plus avantageux de donner l’immeuble, ou de le vendre à un « prix d’ami » ?

Yves, un Montréalai­s de 72 ans, est veuf et possède quelques immeubles à revenus, dont un duplex qu’il a acquis il y a une vingtaine d’années au prix de 175 000 $.

Yves n’a jamais habité l’immeuble et il n’a jamais réclamé d’amortissem­ent sur celui-ci. Aujourd’hui, l’immeuble est libre d’hypothèque et vaut 400 000 $. Puisqu’il dispose de plus qu’il lui en faut pour maintenir son train de vie, il souhaite léguer de son vivant son duplex à sa fille. Il s’interroge sur la stratégie qu’il doit aborder afin de payer le moins d’impôt possible dans le processus, tout en facilitant les choses pour sa fille.

Il existe différente­s façons de s’y prendre, alors en voici une à éviter et une autre qui avantagera sa fille, d’un point de vue fiscal :

1 VENDRE SON IMMEUBLE À REVENUS À PRIX DE FAVEUR (« PRIX D’AMI »)

Certaines fausses croyances persistent dans le temps, comme celle de « l’avantageus­e » vente à prix d’ami.

Supposons qu’Yves cède son immeuble à sa fille, au prix d’ami de 240 000 $.

Dans le cas d’une transactio­n entre deux personnes ayant un lien de dépendance (comme dans le cas d’Yves et de sa fille), le fisc ne considère pas ce « prix d’ami » dans le calcul du gain en capital imposable, mais plutôt la valeur marchande de l’immeuble, soit 400 000 $. Yves réalisera donc un gain en capital de 225 000 $ (400 000 $ moins 175 000 $) malgré le prix de vente de 240 000 $. Puisque seulement 50 % du gain en capital est imposable, Yves sera imposé sur la moitié des 225 000 présumés dollars de gain en capital. Si les revenus d’Yves font en sorte qu’il est imposé à 50 %, il devra donc payer 56 250 $ d’impôt sur son gain en capital.

Et ce n’est pas tout. Sa fille, qui est maintenant propriétai­re de l’immeuble, sera également imposée sur son gain en capital au moment de la revente de l’immeuble. La différence, c’est que ce gain en capital sera établi en fonction de son « prix d’ami » de 240 000 $. Ainsi, si elle revend l’immeuble dans l’immédiat au prix de 400 000 $, son gain en capital sera de 160 000 $. Puisque Yves aura déjà assumé l’impôt sur ce 160 000 $ de gain en capital, il y aura une double imposition du gain en capital sur ce montant.

2 VENDRE UNE PARTIE DE L’IMMEUBLE ET DONNER L’AUTRE PARTIE

Peu importe la façon qu’il choisira, Yves ne s’en sauvera pas : il devra payer de l’impôt, comme démontré dans l’option précédente.

Toutefois, afin d’éviter que sa fille paye l’impôt qu’il a déjà payé, Yves pourrait vendre à sa fille 60 % indivis de l’immeuble pour un prix de 240 000 $ (400 000 $ X 60 %) et faire une donation en bonne et due forme chez un notaire pour le 40 % indivis restant. Le fait de procéder ainsi évitera à sa fille de payer de l’impôt sur le gain qu’elle réalisera sur la valeur de 400 000 $. Si elle décide de revendre l’immeuble dans les semaines qui suivent au prix de 400 000 $, elle n’aura aucun gain en capital, puisque son coût fiscal sera de 400 000 $.

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