Je trompe mon mari !
Depuis quelques jours, il y a un nouvel homme dans ma vie.
Qui aurait cru qu’un jour j’aurais un sérieux coup de foudre pour un gars qui conduit un pick-up, n’a jamais travaillé de sa vie et habite à trois heures de Montréal ?
Heureusement que mon mari n’est pas jaloux, car je lui parle à longueur de jour de cet homme sensible avec qui je passe des heures. Oui, je l’avoue, je craque complètement pour Léo, vedette de la nouvelle série humoristique présentée sur illico.
RAT DES CHAMPS, RAT DES VILLES
Ça faisait longtemps que je n’avais pas ri autant en regardant la télé québécoise, mais Fabien Cloutier (qui incarne Léo en plus d’avoir eu l’idée originale de la série et coécrit les textes) est tout simplement charmant de vérité et d’humanité.
Léo, c’est un homme de 40 ans qui a toujours vécu de ses champs de pot et qui un jour décide de se trouver une vraie job et de devenir sérieux. Dans son village (imaginaire) de Walton, il côtoie la mairesse du village (qui est aussi coiffeuse), son père veuf et amateur de petits joints pour soigner son arthrite et une bande de chums plutôt déglingués.
Le gros défi de cette série qui se déroule entièrement dans un milieu rural (où les personnages ont un deuxième emploi en plus de leur ferme laitière et ont toujours un morceau d’orignal dans le congélateur), c’était de parler des Québécois-qui-vivent-hors-des-grands-centres sans complaisance et sans condescendance.
La série ne présente pas les gens « des régions » comme des tatas ni comme des gens parfaits. Quand une femme âgée déclare à propos d’un enfant trisomique : « Y’est tu assez affectueux lui ! Si c’était pas tant de trouble, j’aimerais ça en avoir un à la maison moi aussi », on retient notre souffle devant des propos aussi peu « politiquement corrects ». Mais c’est dit sans malice, sans méchanceté.
Oui, les personnages sont parfois maladroits, colons ou mononcles, mais jamais on ne sent que les auteurs les regardent de haut. Pourquoi ? Parce que les habitants de Walton sont profondément humains. Ils savent être généreux, sensibles et solidaires. Le père de Léo qui veut tellement que son fils soit heureux, la belle Cindy qui prend soin de son frère handicapé, et l’employé d’entretien, noir, gai, qui est un spécialiste des machines italiennes.
Léo essaye juste de montrer un petit village québécois, où la belle fille de l’usine est capable de remettre son collègue macho à sa place sans appeler la Fédération des femmes du Québec et où on aime ses lapins, mais on les tue quand le vieux mâle n’est plus capable de grimper sur les femelles.
Sur le Plateau, on se délecte de kombucha, ce jus fermenté qu’adorent les adeptes du yoga. À Walton, on se méfie du kombucha : « Ça broute pis ça a des noms de karaté… »
SIJ’AVAISUNCHAR
Si vous êtes tannés des séries qui se passent dans des maisons d’architecte, dans des cafés bioéquitables du Plateau, dans des bureaux dans des gratte-ciel, allez voir les 11 épisodes de Léo. Ça fait chaud au coeur de passer du temps avec des personnages qui sonnent vrai.
Alors, Léo, on va faire un petit tour de pick-up ?