Le Journal de Montreal

Je trompe mon mari !

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Depuis quelques jours, il y a un nouvel homme dans ma vie.

Qui aurait cru qu’un jour j’aurais un sérieux coup de foudre pour un gars qui conduit un pick-up, n’a jamais travaillé de sa vie et habite à trois heures de Montréal ?

Heureuseme­nt que mon mari n’est pas jaloux, car je lui parle à longueur de jour de cet homme sensible avec qui je passe des heures. Oui, je l’avoue, je craque complèteme­nt pour Léo, vedette de la nouvelle série humoristiq­ue présentée sur illico.

RAT DES CHAMPS, RAT DES VILLES

Ça faisait longtemps que je n’avais pas ri autant en regardant la télé québécoise, mais Fabien Cloutier (qui incarne Léo en plus d’avoir eu l’idée originale de la série et coécrit les textes) est tout simplement charmant de vérité et d’humanité.

Léo, c’est un homme de 40 ans qui a toujours vécu de ses champs de pot et qui un jour décide de se trouver une vraie job et de devenir sérieux. Dans son village (imaginaire) de Walton, il côtoie la mairesse du village (qui est aussi coiffeuse), son père veuf et amateur de petits joints pour soigner son arthrite et une bande de chums plutôt déglingués.

Le gros défi de cette série qui se déroule entièremen­t dans un milieu rural (où les personnage­s ont un deuxième emploi en plus de leur ferme laitière et ont toujours un morceau d’orignal dans le congélateu­r), c’était de parler des Québécois-qui-vivent-hors-des-grands-centres sans complaisan­ce et sans condescend­ance.

La série ne présente pas les gens « des régions » comme des tatas ni comme des gens parfaits. Quand une femme âgée déclare à propos d’un enfant trisomique : « Y’est tu assez affectueux lui ! Si c’était pas tant de trouble, j’aimerais ça en avoir un à la maison moi aussi », on retient notre souffle devant des propos aussi peu « politiquem­ent corrects ». Mais c’est dit sans malice, sans méchanceté.

Oui, les personnage­s sont parfois maladroits, colons ou mononcles, mais jamais on ne sent que les auteurs les regardent de haut. Pourquoi ? Parce que les habitants de Walton sont profondéme­nt humains. Ils savent être généreux, sensibles et solidaires. Le père de Léo qui veut tellement que son fils soit heureux, la belle Cindy qui prend soin de son frère handicapé, et l’employé d’entretien, noir, gai, qui est un spécialist­e des machines italiennes.

Léo essaye juste de montrer un petit village québécois, où la belle fille de l’usine est capable de remettre son collègue macho à sa place sans appeler la Fédération des femmes du Québec et où on aime ses lapins, mais on les tue quand le vieux mâle n’est plus capable de grimper sur les femelles.

Sur le Plateau, on se délecte de kombucha, ce jus fermenté qu’adorent les adeptes du yoga. À Walton, on se méfie du kombucha : « Ça broute pis ça a des noms de karaté… »

SIJ’AVAISUNCHA­R

Si vous êtes tannés des séries qui se passent dans des maisons d’architecte, dans des cafés bioéquitab­les du Plateau, dans des bureaux dans des gratte-ciel, allez voir les 11 épisodes de Léo. Ça fait chaud au coeur de passer du temps avec des personnage­s qui sonnent vrai.

Alors, Léo, on va faire un petit tour de pick-up ?

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada