Le Journal de Montreal

Papa est devenu un lutin si mauvais et si bon

Le Québécois Dominique Adams présente un film à nul autre pareil

- NICHOLAS DE ROSA

Papa est devenu un lutin, à l’affiche depuis vendredi dernier dans tous les Cinémas Guzzo et nulle part ailleurs, est sans doute l’un des pires films québécois de tous les temps. Jeu d’acteurs médiocre, répliques invraisemb­lables, effets spéciaux cheaps, blagues douteuses, scénario sans inspiratio­n, erreurs techniques. Tout est en place pour que ce long métrage de Noël au budget de 30 000 $ tourné en sept jours par une équipe de cégépiens engagés par un réalisateu­r amateur devienne un film culte.

L’histoire de Papa est devenu un lutin se résume ainsi : une famille nucléaire québécoise va dans un chalet pour Noël et le père sans esprit des fêtes est tellement absorbé par sa job qu’il compte travailler sur son laptop pendant ses vacances.

Coup de théâtre, il n’y a pas d’internet au chalet et le papa s’engueule avec sa fille quand elle le critique pour son ergomanie (workaholis­me). La nuit venue, elle prie le père Noël pour que son géniteur devienne un lutin, « parce que les lutins sont toujours heureux ».

Le lendemain matin, le père se réveille transformé en Pedro le lutin et agit en lutin niaiseux.

Ce film d’une heure et quart fera peut-être rire les enfants, comme j’ai pu d’ailleurs le constater à l’avant-première. Mais on ne peut toutefois pas ignorer le fait que ce film est juste mauvais dans presque tous ses aspects. Et le fait qu’il soit québécois et adressé aux enfants ne pardonne pas ses faiblesses.

UN FILM SUR LE FILM

Tout comme c’est le cas avec plusieurs mauvais films appréciés ironiqueme­nt, l’histoire des coulisses de Papa est devenu un lutin est presque plus fascinante que l’oeuvre elle-même.

« On pourrait quasiment faire un film sur la production du film », résume le scénariste, réalisateu­r, monteur et compositeu­r de la bande sonore de Papa est devenu un lutin, Dominique Adams.

C’est que l’histoire de Papa est devenu un lutin est en quelque sorte l’histoire de Dominique Adams luimême. L’histoire d’un cinéphile qui, dans la quarantain­e, a voulu réaliser son rêve de voir son long métrage au grand écran et qui a tout fait pour y arriver, même quand il était le seul à y croire.

« Je suis passé proche de tout abandonner près de cinq mille fois. Un moment donné, toujours se faire claquer la porte au nez, c’est découragea­nt, confie-t-il. Il fallait juste que quelqu’un me donne une chance. »

« J’emmenais souvent la fille de mon ex au cinéma pour voir des films de princesses, pis t’sais, oui, c’était correct, mais ç’aurait été le fun de voir un film où j’étais aussi diverti qu’elle. Un des films que l’on regardait souvent ensemble était Le lutin avec Will Ferrell, parce que, mon Dieu, c’est drôle de voir un adulte faire des niaiseries. J’ai écrit une histoire originale avec le même principe : un lutin adulte qui fait des niaiseries », relate-t-il.

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 ?? PHOTO COURTOISIE ?? L’humoriste Jean-Marie Corbeil et l’actrice Elisabetta Fantone dans une scène de Papa est devenu un lutin. Tourné il y a deux ans avec un budget dérisoire (30 000 $), ce film de Noël a pris l’affiche vendredi.
PHOTO COURTOISIE L’humoriste Jean-Marie Corbeil et l’actrice Elisabetta Fantone dans une scène de Papa est devenu un lutin. Tourné il y a deux ans avec un budget dérisoire (30 000 $), ce film de Noël a pris l’affiche vendredi.

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