Des sénateurs accusent le prince héritier du meurtre de Khashoggi
Des parlementaires américains informés des conclusions de la CIA à huis clos
WASHINGTON | (AFP) Des sénateurs républicains américains ont affirmé hier, après avoir été informés à huis clos des conclusions de la CIA, n’avoir « aucun doute » sur le fait que le prince héritier saoudien avait « ordonné » le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.
Cette position contredit directement le président américain Donald Trump, qui avait déclaré que le service de renseignement n’avait « rien trouvé d’absolument certain » et avait réaffirmé l’alliance « inébranlable » entre Washington et Riyad.
« Je n’ai aucun doute sur le fait que le prince héritier » Mohammed ben Salmane, surnommé MBS, « a ordonné le meurtre et a été maintenu au courant de la situation tout le long », a déclaré à des journalistes Bob Corker en sortant d’une réunion avec Gina Haspel, directrice de la CIA.
Ce sénateur, chef de la puissante commission des Affaires étrangères, a affirmé n’avoir pas entendu, au cours de cette réunion d’environ une heure, l’enregistrement audio de l’assassinat de Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, début octobre.
Quant à lui, Lindsey Graham, pourtant un allié du président Trump au Sénat, a confirmé penser que MBS était « complice du meurtre de M. Khashoggi au plus haut niveau possible ».
Plusieurs sénateurs démocrates ont abondé en ce sens.
« PAS À TOUT PRIX »
MM. Corker et Graham ont reconnu l’importance de l’Arabie saoudite pour les États-Unis, notamment face à l’Iran. Mais aucun n’est prêt pour autant à fermer les yeux.
« L’Arabie saoudite est un allié stratégique et cette relation vaut la peine d’être sauvée, mais pas à tout prix », a martelé Lindsey Graham. « Notre position dans le monde et notre sécurité nationale seront plus affectées si nous ignorons MBS que si nous nous occupons de lui. »
Mohammed ben Salmane « est fou, il est dangereux, et il a mis cette relation en danger », car il n’est pas « fiable », a-t-il également lancé.
RIYAD DÉMENT
L’ambassade d’Arabie saoudite à Washington a une nouvelle fois « rejeté catégoriquement toutes les accusations liant prétendument le prince héritier à cet horrible incident ». « À aucun moment Son Altesse Royale le prince héritier n’a eu d’échanges avec un quelconque responsable saoudien visant à faire du mal à Jamal Khashoggi », a insisté sur Twitter sa porte-parole, Fatimah Baeshen.
Selon plusieurs médias américains, la CIA estime que l’assassinat a été commandité par le prince héritier. L’agence aurait comme preuve un échange de messages avec un proche conseiller supervisant l’opération, Saoud al-Qahtani, dans les heures précédant et suivant le meurtre.
Donald Trump n’a pas exclu que Mohammed ben Salmane ait été au courant du meurtre, mais il répète que « les États-Unis entendent rester un partenaire inébranlable de l’Arabie saoudite ».