Le Journal de Montreal

Nouvelle mode au Parlement

Québec solidaire veut représente­r les citoyens de tous les horizons à l’Assemblée nationale

- GENEVIÈVE LAJOIE

QUÉBEC | Les élus de Québec solidaire profitent de l’absence de code vestimenta­ire strict pour dépoussiér­er les moeurs en portant jeans, espadrille­s et bottes Dr Martens à l’Assemblée nationale.

Contrairem­ent à la croyance populaire, le complet cravate pour les hommes et le tailleur pour les dames ne sont pas exigés au Parlement. Il n’y a rien dans le règlement sur la tenue vestimenta­ire des députés, si ce n’est qu’ils doivent contribuer au maintien du décorum et porter des habits qui s’apparenten­t à une tenue de ville.

Pour les nouveaux députés solidaires, c’est l’occasion de reconnecte­r les élus avec les citoyens.

« Beaucoup de choses ne sont écrites nulle part et sont le fruit d’une espèce de tradition qu’on ne remet pas beaucoup en question, constate Sol Zanetti, en entrevue avec notre Bureau parlementa­ire. Je pense que si (l’Assemblée nationale) est vraiment la maison du peuple, tout le monde devrait pouvoir y venir en demeurant ce qu’il est. »

Le député de Jean-Lesage, qui a fait ses premiers pas dans le prestigieu­x Salon bleu du Parlement la semaine dernière, est un adepte des espadrille­s en raison de leur confort. Sol Zanetti raconte qu’il portait par mégarde ses jeans vendredi durant la période de questions.

« Personne ne s’en est rendu compte, ce sont des jeans assez propres faut croire, et je mets des souliers qui sont confortabl­es parce qu’il faut marcher beaucoup quand même dans le parlement. »

PAS TOUS DES AVOCATS

Sa colorée collègue Catherine Dorion possède des Dr Martens, emblème de la culture punk, et ne s’empêche pas de les porter au Parlement.

« Je m’habille pour me sentir moi, pour ne pas me sentir déguisée », lance-t-elle.

Porter ces chaussures plutôt rares à l’Assemblée nationale ou refuser de se vêtir comme des gens d’affaires, des avocats ou des médecins démontrent que la politique n’est pas réservée à une seule classe sociale, insiste l’élue solidaire de Taschereau.

UNE TUQUE AU SALON BLEU ?

Elle ne cache pas son étonnement face à l’ampleur des réactions suscitées par ses choix vestimenta­ires lors de la soirée électorale – où elle portait notamment une tuque et un gilet à flamants roses.

« Je pense que c’est une forme de rigidité sur l’apparence qui dépasse l’Assemblée nationale, qui dit que le monde politique devrait être comme ça. Ce n’est pas central dans nos luttes, sauf qu’on observe quand même une certaine déconnexio­n des citoyens par rapport à la chose politique, pis je me demande des fois s’il n’y a pas un peu de cette rigidité-là. »

Serait-elle à l’aise de porter la tuque au Parlement ? « Est-ce que j’ai envie qu’après avoir fait le discours que j’ai travaillé pendant deux jours, on parle juste de ma tuque ? C’est ça qui est plate aussi, mais c’est sûr que je n’ai pas l’intention de changer, je vais faire ça en calculant les coûts-bénéfices à chaque fois. »

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PHOTO SIMON CLARK Le député de Québec solidaire Sol Zanetti ne s’empêche pas de porter des jeans et des espadrille­s à l’Assemblée nationale.

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