Une mère, ça mérite une tape dans le dos de temps en temps !
La douance, ça existe, en même temps que c’est méconnu
Certaines lettres parues dans votre Courrier au fil des mois qui concernaient les relations mère-enfant m’ont souvent fait sourciller, et même bondir à l’occasion. On attend des mères les plus grands sacrifices, et même quand elles donnent leur plein potentiel, ce n’est jamais assez. Les enfants en veulent toujours plus. Et quand ils traversent l’adolescence, c’est une course à obstacles dont elles sortent toujours perdantes.
Je suis une mère qui en aurait beaucoup à dire sur le sujet, mais je vais me garder une petite gêne pour ne pas avoir l’air de me plaindre. Laissez-moi cependant vous dire qu’autant j’ai aimé mes enfants, autant ils m’ont énervée. Pour des riens, ils réussissaient à m’exaspérer par leurs exigences de haut niveau, alors qu’eux se contentaient du plus bas niveau dans leurs notes scolaires et leur comportement à la maison. J’ai toujours fait de mon mieux pour les éduquer, les accompagner, prendre soin d’eux et leur donner le meilleur de moi-même. Pendant qu’eux me grugeaient de l’intérieur pour s’abreuver de ma précieuse moelle, comme on dit dans les livres.
Jamais, pendant toutes ces années consacrées à prendre soin d’eux, je n’ai senti qu’ils me considéraient à ma juste valeur. Toujours, ils en auraient voulu plus. Heureusement que j’avais un mari qui m’épaulait et me manifestait son bonheur de me voir me désâmer pour eux, sinon, je me serais tuée à la tâche sans récolter la moindre tape dans le dos pour mon dévouement.
Mon mari est décédé il y a deux ans, et nos enfants, désormais en couple et parents d’enfants euxmêmes, ont pleuré le père merveilleux qu’il avait été. De quoi me rendre jalouse, si je ne savais pas qu’il méritait leur amour pour ses innombrables qualités. Mais moi pendant ce temps-là, je continue à me morfondre dans l’attente d’un peu d’attention et de commisération de leur part. Me trouvez-vous égoïste Louise ? Maman triste
Certainement pas égoïste, car vous mériteriez certainement cette tape dans le dos que vous espérez. Mais la vie est ainsi faite que les enfants ont souvent besoin du manque d’un parent (par la mort) pour prendre conscience de ses mérites et de l’importance qu’il a eue dans leur vie. À défaut d’être idéale, j’espère que ma réponse aura le mérite de vous inciter à chercher ailleurs qu’auprès de vos rejetons ce câlin que vous espérez tant avoir.
J’ai apprécié la réponse que vous avez donnée à cette dame qui disait se sentir comme « étant née dans la mauvaise famille » parce qu’elle avait réussi là où ses frères et sa soeur étaient loin d’afficher les mêmes succès. Je me permets de lui soumettre une autre piste de réflexion qui m’est inspirée par la lecture de son court témoignage, mais où, néanmoins, j’ai décodé qu’elle pouvait être une personne surdouée vivant dans un milieu dysfonctionnel, incapable de reconnaître et de comprendre son profil à elle.
Il est difficile de parler d’intelligence, et la douance est un sujet délicat qui apporte lui aussi son lot de difficultés dans une même fratrie. Mais je crois qu’il vaudrait la peine qu’elle prenne connaissance du livre Comment faire simple quand on est compliqué ? de Mme Monique Kermadec, qui a consacré sa carrière à l’étude des personnes surdouées. Suzanne Bourdon
Excellente suggestion que vous faites là. Ce qu’on appelle désormais les « enfants précoces », on en parlait très peu sinon pas du tout, dans la jeunesse de cette personne. Peut-être y trouverait-elle réponse à son questionnement ? Je souligne en passant que l’internet regorge d’informations sur ce sujet. Entre autres, la différence qu’il faut faire entre « enfants ayant des besoins particuliers » auxquels l’école normale a aussi de la difficulté à répondre, et « enfants précoces » qui correspond à « enfants surdoués ».
Pensée du jour La vie commune est faite de petits pardons, et donc de petits oublis. – Auteur anonyme