Le Journal de Montreal

2,7 M$ d’amendes et la prison pour une fraude fiscale

Un entreprene­ur en constructi­on avait obtenu des millions en contrats au CUSM

- AXEL MARCHAND-LAMOTHE – Avec Éric Yvan Lemay

Un entreprene­ur montréalai­s a été condamné à 18 mois de prison et à payer plus de 2,7 millions $ en amendes en raison d’un stratagème de fraude fiscale lié à des contrats au Centre universita­ire de santé McGill.

De 2009 à 2013, Rocco Carbone, 69 ans, a soustrait près de 700 000 $ au fisc en utilisant de fausses factures et des entreprise­s prête-noms, notamment sur des contrats obtenus sans appel d’offres au Centre universita­ire de santé McGill (CUSM).

Le Journal avait révélé en 2014 que Carbone avait décroché pour 2 M$ de ces mandats de « travaux urgents » par le biais de la société de sa femme, G.R.S..

La compagnie au nom de Rosa Biondo faisait ensuite exécuter la besogne par Constructi­on Expert R.C. appartenan­t à son mari.

G.R.S. ne détenait même pas de licence de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ).

Le CUSM a cessé de faire appel à elle après le départ du directeur général adjoint, Yanaï Elbaz, en août 2011. Ce dernier s’est reconnu coupable le 26 novembre d’avoir perçu 11,25 M$ versés en pots-devin, en échange de contrats de constructi­on du nouvel hôpital.

L’équipe de Revenu Québec au sein de l’Unité permanente anticorrup­tion s’est intéressée sérieuseme­nt à Carbone en 2014, au moment même où notre Bureau d’enquête publiait une série d’articles sur les irrégulari­tés au CUSM.

Elle se penchait notamment sur le « favoritism­e auprès d’un groupe restreint d’entreprene­urs pour l’octroi de contrats de maintenanc­e », a spécifié l’organisme dans un communiqué, hier.

BOÎTES POSTALES

Plusieurs de ces ententes concernaie­nt les « travaux d’urgence » et au moins deux entreprise­s ciblées étaient gérées par Carbone, même s’il n’était pas actionnair­e.

Ils ont découvert que les « places d’affaires » de G.R.S. et de Rénov-Batime n’étaient que de simples boîtes postales UPS louées par l’entreprene­ur.

« Il se déclarait comme étant le dirigeant de ces entreprise­s auprès de la CCQ [Commission de la constructi­on du Québec] et la personne qui répondait à toutes les demandes de renseignem­ents provenant de cet organisme », explique-t-on dans le résumé conjoint des faits déposé devant le juge Claude Leblond.

La vérificati­on des livres comptables et de la facturatio­n a permis de trouver la trace de centaines de milliers de dollars perçues en taxes, mais jamais payées au gouverneme­nt.

AMENDES SALÉES

De plus, ils ont constaté que l’homme d’affaires réclamait aussi des remboursem­ents fictifs via de fausses factures.

Carbone s’est reconnu coupable en août, puis il a été condamné le 30 novembre à 18 mois de prison et à environ 1,4 M$ d’amendes.

Les trois entreprise­s qui lui sont associées doivent aussi rembourser 1,4 M$ à l’État.

Sandro Carbone et Aquatech, aussi mis en cause dans cette histoire, doivent quant à eux verser 6325 $ chacun pour leur implicatio­n.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Rocco Carbone avait accordé une entrevue au Journal en juin 2014 pour se défendre d’utiliser sa femme comme prête-nom pour obtenir des contrats « urgents » au CUSM. Il a finalement reconnu le stratagème devant la cour en août dernier.
PHOTO D’ARCHIVES Rocco Carbone avait accordé une entrevue au Journal en juin 2014 pour se défendre d’utiliser sa femme comme prête-nom pour obtenir des contrats « urgents » au CUSM. Il a finalement reconnu le stratagème devant la cour en août dernier.

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